Garrigues, points de rencontre
Situé entre la vallée de la Cèze et celle de l’Hérault, entre les montagnes cévenoles et le littoral, entre ville et campagne, le territoire des garrigues a permis la création de nombreux points de rencontre. En matière économique c’est par exemple le développement de nombreux marchés et grandes foires aux bestiaux. La culture des masets *, particulièrement présente à Nîmes, illustre la création d’espaces de rencontre entre deux modes de vie, urbain et rural. Les différentes influences des territoires avoisinants se traduisent également dans les traditions festives et les jeux.
L'importance des marchés
Auteur : Manuel Ibanez (d'après Pierre-Albert Clément)
Date : novembre 2013
Les foires et marchés ont de tous temps été des lieux d’échanges privilégiés, jouant un rôle primordial dans le domaine économique.
Les marchés
Ce sont des rendez-vous à caractère commercial de vente au détail se répétant plusieurs fois dans le mois sur un même site. L’existence d’un réseau de chemins praticables a favorisé leur création. Au Moyen Âge, la mise en place de marchés tournants hebdomadaires permettait de tracer des circuits formant alors des micro-régions économiques.Certains de ces marchés ont traversé les siècles toujours au même jour comme le marché du samedi à Uzès. Mais pour bien d’autres, soit le jour a changé, soit ils ont tout simplement disparu (à cause de guerres, de dégradations d’une voie de communication ou encore de baisse de fréquentation des lieux). Ainsi, il est bien souvent difficile de retracer les circuits des marchés tournants médiévaux.
La présence de marchés anciens dans un village a peu à peu structuré l’urbanisme. Dans beaucoup de lieux, la place du marché, centrale, s’est ornée de galeries à arcades comme à Sommières, Sauve ou Uzès, ou de halles couvertes comme à Anduze ou Calvisson.
Le nombre de marchés a fortement augmenté au XIX e siècle, chaque commune nouvellement créée voulant le sien, entraînant parfois une baisse de leur fréquentation. Au XX e siècle, au contraire, les nouveaux modes d’échanges, de commercialisation et de consommation ont entraîné une chute importante du nombre de marchés sur le territoire. Néanmoins, on observe depuis une quinzaine d’années un regain d’intérêt touristique avec l’ouverture de nombreux marchés d’été, nocturnes parfois, mais aussi tout au long de l’année avec le développement des notions de circuits courts, de produits locaux de qualité, de lutte contre le “village- dortoir” (voir article "émergence d'une nouvelle identité territoriale ici).
Les foires
Contrairement aux marchés, les foires sont des rassemblements commerciaux annuels en général spécialisés autour d’une production. Il existait des foires aux pourceaux, aux bovins, aux mulets et chevaux mais aussi des foires aux ovins, les plus importantes sur le territoire des garrigues.Ces dernières avaient lieu au printemps ou à l’automne, au moment de la montée ou de la descente des troupeaux de transhumance.
Lors de ces foires, il s’achetait et se vendait des bêtes (brebis, agneaux, moutons). On négociait des “balles” de laine récoltées lors de la tonte du printemps. Les troupeliers du bas-pays et des garrigues rencontraient les propriétaires de parcours d’estive ou leurs mandataires. Les locations, renouvelables obligatoirement chaque année, se concluaient pendant les foires de janvier. Les troupeliers établissaient également ensemble un calendrier de la transhumance durant les foires du printemps (le 21 mai à Saint-Hippolyte- du-Fort par exemple).
À Sommières, situé au carrefour des voies de communication, se tenaient des foires de grande ampleur comme celle de la Saint- Michel (autour du 29 septembre). C’est là que se rencontraient les troupeliers de la Petite Camargue, des garrigues de l’Uzège, de Nîmes et du Montpelliérais et même des contreforts des Cévennes. Le commerce des “bêtes à laine” à Sommières était en rapport direct avec les activités industrielles de la ville (tannerie, cuir, manufacture de laine et de drap).
À partir du XIX e siècle, on observe de moins en moins de vente directe sur les foires. Il s’agit alors plutôt de foires-expositions, le client venant prendre contact avec ses fournisseurs et lui passant des commandes, livrables après la manifestation.
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