Environ 2 500 espèces et sous-espèces végétales ont été recensées 1 sur les communes du territoire des garrigues. Ce nombre important, qui représente plus d’un tiers (35%) de la flore de France, permet de mettre en avant la richesse et la spécificité de la flore des garrigues. En effet,
ce territoire est écologiquement homogène, et ne comprend ni zones littorales, ni zones de montagnes. Le nombre important d’espèces, mis au regard du relativement faible nombre de milieux, met en évidence la diversité floristique de chacun de ces milieux. Cette diversité est valable pour l’ensemble des zones à climat méditerranéen de la planète. On observe toutefois un gradient écologique en escalier depuis l’arrière littoral jusqu’au piémont des Cévennes. On passe, du sud au nord, de garrigues à tendances thermo-méditerranéennes*, par exemple autour de Montpellier, à des garrigues à influences supra-méditerranéennes* comme les garrigues de Lussan.
Sur les 2 500 espèces recensées, un tiers sont caractéristiques de la zone méditerranéenne, les autres sont des espèces ubiquistes* ou introduites que l’on retrouve partout en France. Mais si l'on considère les 200 plantes les plus souvent recensées, un peu plus de la moitié (107) sont des espèces typiques des milieux méditerranéens. Ces plantes constituent le fonds floristique de la garrigue, qui est le milieu qui marque le plus fortement l’identité du territoire. On trouve en seconde position des milieux de types prairiaux. L’autre moitié est composée, de manière dégressive, d’espèces ubiquistes de friches et de milieux cultivés, d’espèces liées aux milieux humides et d’espèces que l’on retrouve dans la garrigue mais dont la répartition n’est pas strictement méditerranéenne.
Cependant les espèces marquant l’identité méditerranéenne sont présentes dans l’ensemble des milieux naturels du territoire. Une friche n’est pas la même à Nîmes et à Melun, et les fleurs des inter-rangs de vignes, où le blanc et le jaune dominent, constituent une formation végétale autant caractéristique du territoire que celle de la garrigue à Thym. Elles ont même un nom scientifique : le Diplotaxion erucoidis.
De la même manière, la flore patrimoniale est répartie sur l’ensemble des milieux naturels. La patrimonialité (c’est-à-dire la valeur que l’on donne à certaines espèces), est fortement liée à la méditerranéité puisqu’environ 70% des espèces protégées du territoire sont des espèces rares strictement méditerranéennes. Ainsi pour la flore compagne des cultures, sur 140 espèces caractéristiques recensées, dont 22 ont une valeur patrimoniale, 70 sont strictement méditerranéennes. Parmi celles-ci, on retrouve 16 des 22 espèces patrimoniales dont les trois espèces ayant le statut le plus fort (protection nationale). L’une d’elles, la Nigelle de France (Nigella gallica) ne se trouve que dans la péninsule Iberique et en France méditerranéenne où elle est en voie de disparition du fait de l’abandon de l’agriculture traditionnelle.
La patrimonialité de la flore de la garrigue n’est pas toujours synonyme de grande rareté. Si, dans certains cas comme celui de la Sternbergie à fleurs de colchique (Sternbergia colchiciflora), le territoire des garrigues accueille la seule localité française de la plante, à l’inverse le Thym
d’Emberger (Thymus embergeri), qui n’existe qu’en France méditerranéenne, est localement abondant ici.
1. Données issues du Conservatoire Botanique National Méditerranéen 2011.