Comment les garrigues sont devenues un territoire de loisirs
La montée en puissance des loisirs de nature
Auteur : Françoise Kouchner
Date : novembre 2013
Les premières explorations sportives en garrigues
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les premières pierres du tourisme moderne sont posées, dans l'Hérault et le Gard comme en France. On commence à penser excursion et exploration, découverte et protection. La nature fascine et attire, à la fois terra incognita et cadre vertueux et sain car éloigné des miasmes de la ville.
Dans les garrigues héraultaises, les cavités ou grottes des Lauriers, du Lirou, de l'Hortus, de Ravanel ou de la Madeleine sont explorées avant la première guerre mondiale. Entre deux explorations de grottes, Édouard-Alfred Martel réalise la première descente de l'Hérault, fasciné par “cette sauvage rivière... au pied de pentes escarpées, ces fourrés de verdure impénétrables. Ni une masure, ni une apparence de sentier.“ Les premières sections du Club Alpin Français et associations d'excursionnistes apparaissent à Montpellier et Nîmes, on prend le train pour se rendre à Aniane (2h30 de trajet depuis Montpellier) et on finit à pied pour Saint-Guilhem-le-Désert, où l'on se lance sur les sentiers.
Entre les deux guerres, le plein air c'est la santé
Après la première guerre mondiale, les congés payés, la voiture et le vélo créent de nouvelles libertés : on peut parcourir les routes, explorer la campagne. Parallèlement on découvre le plaisir du corps, les bienfaits du plein air, le goût des sorties menées tambour battant sur les sentiers du pic Saint-Loup, autour du Gardon ou des Monts de Saint-Guilhem. Les associations de cyclotourisme, auparavant confidentielles, multiplient les virées sur les routes de l'arrière-pays nîmois et montpelliérain. Le soir on campe ou on dort en auberge de jeunesse ou de montagne. Derrière cet engouement se dessine aussi l'idéal social du droit du plus grand nombre aux loisirs et au plein air, ainsi que l'utopie d'une rencontre entre le monde ouvrier et le monde paysan. Dans cet élan, Héraultais et Gardois, ignorant leur littoral alors infesté par les moustiques, sillonnent leur arrière-pays, les garrigues, les reliefs, les rivières, et les piémonts cévenols. Des structures de séjour, hôtels de village ou auberges de jeunesse apparaissent dans les arrière-pays près de sites d'attraction et de pratiques sportives.
Les garrigues, terrains de loisirs de nature
À partir des années 1970 commence en France l'essor des loisirs de nature. Les conditions sont réunies pour leur développement rapide dans les garrigues :
- l'existence de vastes espaces naturels disponibles, non urbanisés ni exploités, mais pénétrables grâce à de nombreux chemins et pistes ;
- la diversité des reliefs et des paysages, propice à toutes les pratiques de loisirs de nature hormis les sports de neige et les sports nautiques ;
- un climat favorable à la pratique de loisirs extérieurs ;
- la proximité géographique des sites de pratiques de jeu, dont bon nombre sont accessibles à moins de trente minutes de voiture ;
- le réservoir touristique estival du littoral ;
- le dynamisme démographique de l'agglomération montpelliéraine, et dans une moindre mesure de l'agglomération nîmoise, présentant un vivier important de pratiquants potentiels, dont une partie est appelée à se renouveler régulièrement : étudiants, nouveaux arrivants.
La randonnée et la promenade restent à ce jour la première activité de loisirs nature.
On trouve de nombreux topoguides, dont “L'Hérault à pied” et “Le Gard à pied” se situent au troisième et quatrième rang des topoguides de PR les plus vendus en France (30 000 exem- plaires vendus en 6 ans pour celui de l'Hérault).
Suivent par ordre décroissant (d'après une enquête réalisée auprès des visiteurs du salon Plaisirs d'Hérault), le vélo et le VTT, les activités nautiques, l'escalade – via ferrata – accrobranche, les activités équestres, le canoë... De quoi parcourir activement les garrigues.
