Colloque 2013 : Prise de note des interventions
Présentation de l'Atlas des Garrigues
1. De l'idée à la concrétisation : l'histoire du projet
par Manuel Ibanez, responsable du Projet Garrigues
1.1. Le début du projet d'Atlas des Garrigues
On est parti du terrain avec plusieurs années d'itinérance sur le territoire des garrigues avec une exposition animée où on a rencontré les habitants et les acteurs qui font vivre les garrigues. On a recueilli toutes les représentations et les questionnements. Plus de 15 000 personnes rencontrées.
En 2009, on avait une grosse masse de contenu. Lors d'une réunion publique au foyer de Viols-en-Laval en octobre 2009, on s'est demandé : qu'est-ce qu'on en fait ? Ne serait-il pas intéressant de faire un état des lieux de ce territoire ? On pourrait faire un atlas des garrigues !
1.2. Quel territoire choisir ?
Question délicate qu'est la définition du territoire :
- c'est un espace physique, géologique
- c'est aussi un paysage : il n'y a pas que l'aspect végétation, il y a des milieux différents, des activités humaines associées...
- c'est un espace vivant : une histoire, des représentations, des dynamiques particulières
La limite du territoire est plutôt floue, surtout à l'est et l'ouest, on ne s'appuie pas sur des limites administratives.
On a aussi choisi ce territoire, parce qu'il est désigné et identifié ainsi par les habitants. Par exemple à Aix-en-P, où l'on a des paysages très proches, on parle de colline, à l'ouest, dans l'Aude, on parle de basses corbières...ici on parle d'espace des garrigues au même titre que les Cévennes et la Camargue.
1.3 un travail collectif
Au départ 20 personnes ont coordonné et essayé d'imagnier ce que ça pouvait être comme ouvrage. On a crée des grandes catégories, des chapitres, chacun animé par un référent en charge de rechercher des auteurs. De nombreux photographes ont également participé. Et toute une équipe s'est monté autour de la cartographie (Sigistes, cartographe avec la société Terra Carta). Le tout avec une animation générale bien évidemment.
Au total, c'est plus de 230 personnes qui ont participé à cet ouvrage plus la relecture et éditoriale et scientifique.
212 contributeurs dont 106 auteurs, 360 pages, 83 cartes et bcp de discussion.
Un volonté de partage et de diffusion de la connaissance avec un licence ouverte . Le logo Créatif Commons : est très important, ce travail doit être dans une volonté de partage de la connaissance ce dernier devant être utilisée et utilisable. On ne peut pas s'appropprier ce contenu là , mais au contraire le diffuser au maximum
Ce contenu doit être utilisé au maximum, c'est l'esprit de l'encyclopédie du vivant, volet internet de l'Atlas des Garrigues.
2. Le contenu : les cartes, comprendre les garrigues en une 10aine de cartes de synthèse
Par Manuel Ibanez, responsable du projet garrigue
Les cartes sont un pivot, les articles, photos, schémas permettent de comprendre et illustrer ce qu'il y a dans la carte.
Présentation de quelques carte
- Une carte géologique : comprendre les garrigues c'est comprendre le socle géologique
- Une autre carte au niveau de la Faune et de la flore et du patrimoine naturel. On a fait un Inventaire des inventaires pour voir s'il y avait des zones plus prospectées que d'autres
- Probématique du feu: l'aléa incendie. C'est la probabilité qu'il y ait un incendie sur une zone donnée.
On a complété par une carte du risque. Ce n'est pas les mêmes conséquences si il y a des habitations par exemple. On y a ajoute donc à la donnée "aléa" l'impact d'un incendie sur les biens et les personnes
On voit alors que les zones urbaines et périurbaines sont plus sensibles
- On s'interresse également à l'histoire: l'occupation de la garrigue ne date pas d'hier mais de plusieurs millénaires
Trouver des informations solides traduisant la longue occupation du milieu par les hommes. Deux exemples: Au néolithique, il y avaient des civilisations présentes sur ce territoire. Avec une grosse concentration du coté du plateau de l'Hortus par exemple. La localisation des églises romanes, véritable patrimoine historique : des articles creusent ces questions là . Patrimoine historique archéologique, riche et dense. Forte densité d'entités archéologiques
- Les productions viticoles qu'il y avait par communes. L'objectif est de comparer à un siècle d'écart, pour construire des cartes de comparaison,
- Carte du cheptel ovin : Autres exemple sur l'élevage Comment cela évolue? Ou est ce qu'on en est?
Cheptel ovin par canton. Causse d'aumelas, canton de St Martin de Londres, nord de l'uzege : beaucoup d'élevage en terme de cheptel ovin Quelle est l'évolution de ce cheptel ovin : comparaison avec le RGA (recensement général agricole) de 1955. On observe au centre du territoire une très forte diminution. Des recherches sont menées, pour regarder à la fin du 19ème. Il semblerait qu'il y ait eu plusieurs chutes importantes.
- Carte du nombre de cabanes et capitelles par communes sur le territoire des garrigues Ce type de carte est une photographie aujourd'hui de la connaissance. Entre le pic saint loup et le sommirois y a t il ce patrimoine là ?
On est dans une démarche qui montre la connaissance actuelle et les vides à combler.
- Tourisme et loisirs en garrigues : C'est une grosse problématique: cohabitation des usages. Problème de cohabitation entre tous, la question est de voir si c'est partout pareil, si toutes les activités sont pratiquées de façon égale sur le territoire. On a différencie trois niveau d'activité de loisir: - les haut lieux touristiques : pont du gard, Anduze...- les zones importantes au niveau des activité sportives de pleine nature: falaise et rivières - les zones d'activité de tourisme de découverte : recherche des chambres d'hôte, accueil touristique
- Dernière partie de l'atlas: la relation entre la garrigue et la ville. Relation complexe: de rejet et d'attirance (flux quotidien essentiellement résidence -travail). Densité de population et limites des couronnes de l'aire urbaine
Des cartes qui donne une idée du contenu, qui a demandé des discussion interne importantes
3. Assumer les paradoxes
par Jean-Paul SALASSE : directeur des Ecologiste le l'Euzière
Le but est de présenter les paradoxes qui sont sortis au moment de la préparation et écriture de l'Atlas. Mon propos est davantage celui de l'éditeur. On n'est pas seul, on est nombreux. Il faut valider un projet, des portion de texte, etc...
En garrigue, il y a une forme de consensus: espace de transition, histoire fantastique et avenir qui reste à éclairer
Il y a du patrimoine, naturel, archéologique... c'est pas un problème. Mais ici il faut assumer les paradoxes, dans le sujet et dans le traitement qu'on en fait : débat entre les différentes sciences qui ne parlent pas de la garrigue de la même façon. L'éditeur est obligé de trancher. Dans cet atlas, il n'y a pas d'unité de point de vue, c'est ce qui est aussi intéressant.
Essayer d'assumer les paradoxes: Ã la fois dans les sujets et dans les traitements qu'on en fait
La ligne: pas une unité de points de vue. tout le monde a raison tout le monde a tort.
Les paradoxes :
- Imaginer qu'on peut conserver un patrimoine, tout en militant pour que l'homme continue à exister. Ici on erst convaincu que dans la garrigue il faut des hommes : bergers, coupeurs de bois, viticulteurs... pour que la garrigue continue d'exister. Texte de Roland PECOUT, sur la nostalgie de la garrigue sanctuarifiée dans un état ancien.
- Le foncier et le droit d'exploiter ce foncier : difficulté à agir sur certains territoires. Faudrait il qu'elle continue d'exister telle qu'elle est. Archétype de garrigue
- Est ce que cela fait l'identité culturelle? Une identité culturelle qui collerait à ce territoire géographique?
En tant qu'éditeur poser des questions plutôt que donner des réponses.
- paradoxe du multi-usage des espaces des garrigues : ici, il n'y a pas de clôtures, on pense que le territoire appartient à tout le monde. Pourtant les terrains publics sont rares en garrigue. Le public citadin a plutôt l'impression qu'il est chez lui. Multi usages : quads, vtt, promeneurs, moutons / chiens des promeneurs. Besoin de connaissance préalable pour évaluier....
- milieux ouverts / milieux fermés : 1959 une société de l'histoire naturelle de l'hérault disait que les garrigues ne servaient à rien, qu'on n'y faisait rien. Les milieux ouverts aujourd'hui c'est très à la mode : c'est là ou il y a la plus grande méditarrénéité, biodiversité remarquable, où on voit le plus, etc...
Faut-il laisser la nature regagner de la place ou laisser un no man's land peu pénétrable se développer ?
La réponse: répartition sur le territoire qu'il faudra bien gérer. Poser des questions: à quel prix?
Perspectives: on a quelques exemples qui nous laissent sur la bonne voie
C'est une méthode de l'expérimentation, du doute. Il y a un fil rouge : intéret pour les garrigues mais pas de réponses précises mais à construire
Le fil rouge de l'atlas est l'intérêt pour les garrigues, il n'y a rien à comprendre globalement : des points de vue contradictoires, mais ce n'est pas très grave : laisser le lecteur se faire sa propre opinion.
4. Une ouverture vers de nouveaux questionnements
par Olivier DE LABRUSSE - agrégé d'Histoire-Géographie
Une ouverture vers de nouvelles pistes de recherche. Pistes de recherches qu'a suscité cet atlas
Schéma : on s'est apercu qu'il y avait 3 niveaux de questionnements
- 1. La surface des garrigues
- 2. Le monde souterrain
- 3. L'atmosphère, les phénomènes globaux
4.1. Au niveau de la surface, on est dans une problématique de vide et de plein. Vide humain et pleins: zones viticoles ou pleins de forêts. Mais les points de vue peuvent se renverser: une zone vide d'hommes est une zone pleine de forêt
Et des espaces intermédiaires: question de cette transition entre le monde urbain et les garrigues: péri-urbain. Ou urbanise t on ? Dans les reliefs ? Dans les coteaux ? ...
Pour illustrer les vides et les pleins de connaissance :
Seulement 17 % du territoire des garrigues est connu à fond du point de vue de la faune et flore. 30% du territoire est sans information (exemple plateau de Valliguière ) 53 % on a un certain nombre de prospections, mais qui ne sont pas systématiques. Gros travail de connaissance à faire
Grande question des dynamiques : que va devenir le vide ? Vide d'activité dans les zones creuses des garrigues.
On peut se poser la question sur les pleins: quelles vont être les dynamique urbaines et périurbaines de ces garrigues? et le devenir de cette forêt, récente, qui date de 50 à 60 ans.
4.2. Au niveau du monde souterrain : questionnement sur la ressource en eau souterraine, sur la vie souterraine et sur la connaissance archéologique
- L'eau souterraine: il n'y a qu'un seul réseau souterrain connu à peu près: la réserve du Lez. Bonne connaissance de la réserve du Lez, les autres réseaux karstiques sont très peu connus, on ne connait pas la ressource en eau des sous-sols des garrigues. On imagine les enjeux pour aujourd'hui et l'avenir
- La vie souterraine est peu connue: le taux d'endémisme est très élevé pour les mollusques notamment. 33 espèces de chiroptères en garrigue
- Patrimoine archéologique: certains sont mis à jour mais une grande partie ne l'est toujours pas: le causse de l'Hortus c'est 300 cavités. Problématique de grottes puits et citernes Patrimoine n'est connu que très localement
Claude Raynaud insiste sur le fait qu'il y a un hiatus de connaissance archéologique entre l'antiquité et le moyen âge classique. Un entre deux où on manque de connaissances. Débat sur la naissance des villages.
les témoignages des vestiges sont sous nos villages actuels. Dans la période Romaine, on a de grands monuments (Pont du Gard), un certain nombre de plaines étaient cadastrées par les Romains. Par contre, sur les reliefs, on a pratiquement rien : qu'ont fait les romains des garrigues ? Ils ont exploité la pierre, le bois... Mais on n'a bien peu de traces.
4.3. Au niveau de l'atmosphère
- la connaissance du climat On a des données issues de textes du moyen âge, statistiques du 19ème siècle mais seulement 43 ans de données fiables et continues. Seulement 18 ans sur certains secteurs. On a également le problème des moyennes: Montpellier 700 mm par an actuellement, sauf que Montpellier en 1876 : 2200 mm! D'autres explications sont nécessaires, ne pas se contenter des moyennes.
Manque de données spatiales pour les petits bassins versants (affluents du Lez ou Vidourle) ex : le Terrieux dans la Combe de Fambetou, qui a inondé Tréviers. On a peu de données pourtant c'est là où les phénomènes peuvent être les plus intenses. Leurs débits peuvent être 2 fois celui de la Seine ! Problème de connaissances sur les choses qui représentent de véritables enjeux
- changements climatiques : l'adaptation des espèces et la ressource en eau. Paradoxe : l'idée commune que la forêt c'est bien... mais les choses ne sont pas si simples. La recherche a montré que l'absorption de CO2 du chêne vert est faible. Il faut 1ha de chêne vert pour absorber les rejets de 3 voitures, en automne davantage de rejet de CO2 que d’absorption. Ces recherches sont fondamentales dans le débat "carbone" actuel.
4.4 des dynamiques très rapides
Nous avons à faire aux garrigues d'aujourd'hui qui nous donnent de nouveaux paysages, un nouveau monde : cf urbanisation. Cela pose de nouvelles questions, sur l'appréhension de ce phénomène : les géographes travaillent là dessus. Décollage démographique dans la zone peri-urbaine de Montpellier. Rapidité du changement depuis une 50aine d'année. Dans les 25 dernières années la forêt s'est accrue de 30% la progression continue. Depuis environ 60 ans : 74% du territoire a changé d'affectation d'occupation des sols
Quelles vont être les échéances? Quelles vont être les proportions d'accroissements des phénomènes?
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