FĂŞtes et jeux aux multiples influences
Auteur : Claire Lecoeuvre, Manuel Ibanez
Date : novembre 2013
Le jeu du tambourin
Bien des villages des garrigues, dans les alentours de Montpellier, possèdent un terrain de tambourin plutôt qu'un terrain de pétanque. Le jeu de tambourin est une sorte de tennis sans filet, qui se joue en deux équipes de trois ou de cinq. La balle est reprise à la volée ou au premier rebond. Le point est perdu quand la balle n'est pas prise à temps, quand elle est envoyée en dehors des limites du terrain adverse ou qu'elle est renvoyée sans avoir touché le tambourin.
Devenu aujourd'hui un sport d'envergure nationale, le jeu de tambourin est, à l'origine, spécifique des lieux de vignobles du Languedoc-Roussillon, très marqué dans les garrigues de l'ouest de Montpellier. Les habitants y jouent lors des fêtes. Ce sport existe depuis le XIX e siècle dans cette région où il a remplacé le jeu de ballon avec brassard. En 1861, les premiers tambourins sont fabriqués par les tonneliers de Sète avec un cercle de bois sur lequel était tendue de la peau de chèvre.
Progressivement, des concours réglementés sont organisés. Le premier rassembla les différentes équipes de l'Hérault à Pézenas en 1909. Pézenas, Gignac et les Arceaux à Montpellier représentaient alors les trois grands centres de jeu. Le championnat du Languedoc créé par la première fédération de tambourin s'adaptait au rythme de vie des viticulteurs. En l'absence de règles communes, l'équipe organisatrice imposait les siennes. Ce manque de coordination fut une des causes de la régression entre 1913 et 1935 qui entraînèrent la disparition progressive du sport. Pour sauver cette discipline, Max Rouquette, auteur Montpelliérain très attaché au territoire des garrigues, crée, en 1939, la “fédération française de jeu de balle au tambourin”, installée aujourd'hui à Gignac.
L’activité se propage alors vers l’est de la région puis se répand un peu partout en France. Elle dépasse même les frontières du pays grâce à la découverte, vers 1954, d'un jeu similaire en Italie. Des championnats d'Europe s'organisent alors, permettant un mélange des règles et du matériel. Petit à petit, le matériel italien remplace celui des Français. Mais l’activité reste éparse et peu connue. La “normalisation” de ce sport permit cependant la création de terrains plus conventionnels et donc l’installation, dans de nombreux villages. À cela, s'ajoute dès 1980, l'autre forme du jeu, le tambourin en salle. La salle permet de pratiquer ce jeu toute l'année, donc bien au-delà de la période traditionnelle de mars à septembre. D'autres clubs se forment en Angleterre, Allemagne, Autriche, Irlande, Hongrie, etc. Aujourd’hui la France compte 48 clubs de tambourin dont 38 dans l'Hérault. Le jeu de tambourin est pratiqué d’Aniane à Nîmes en passant par Cournonsec, Notre-dame-de-Londres, Saint-Jean-de-Cuculles, Saint-Georges-d’Orques, Saint-Mathieu-de-Tréviers, et bien d’autres villes et villages des garrigues.
La bouvine camargaise
Ce terme définit tout ce qui a trait aux traditions camargaises autour du cheval et du taureau (le biòu). Les courses camargaises consistant à attraper une cocarde placée entre les cornes du taureau sont pratiquées dans les départements du Gard, de l’Hérault, des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse. L’abrivado et la bandido correspondent à l’arrivée à l’arène et le retour aux prés des troupeaux de taureaux accompagnés à cheval par les gardians des manades *. Ces manifestations sont d’origine ancienne (des données historiques en font mention dès les XII-XIII e siècles). Elles se sont considérablement développées au XVI e siècle et elles se sont toujours déroulées à proximité des zones d’élevage dans les villages du littoral gardois, autour de Nîmes et de Lunel, et dans la vallée du Vidourle. Connaissant un vif succès, la pratique des courses camargaises s’est fortement développée au début des années 1980. Accompagnant cette évolution du nombre de spectacles, de nombreux élevages ont été créés. À la recherche de terres au sec en hiver, de nombreux troupeaux ont été installés de plus en plus haut sur le territoire des garrigues. Ainsi, la bouvine très implantée en limite sud-est du territoire dans les villages des garrigues de Castries, de Lunel, du Sommiérois, de la Vaunage, va s’étendre dans les garrigues plus intérieures. Ce mouvement d’expansion semble se ralentir depuis quelques années.
Carnavals et fêtes totémiques de la vallée de l’Hérault
Dans l’Hérault, au sud-ouest du territoire des garrigues, diverses traditions festives (plus ou moins anciennes) animent les villages comme les fêtes totémiques, les “paillasses” à Cournonterral, et différents carnavals hauts en couleurs. Plusieurs localités ont leur totem, un animal, qu’on fait défiler lors des manifestations festives comme l’âne de Gignac, le cochon rose de Poussan, le bêlier (lo picart) de Saint-Jean-de-Fos... Limitées aux communes tournées vers la vallée de l’Hérault, ces manifestations semblent moins présentes dans les villages du cœur du territoire des garrigues, dans l’est-héraultais et le Gard. Néanmoins, on observe un nouvel attrait pour cette idée de totem du village, dans les écoles notamment.
Cartes et illustrations