La géologie façonne le paysage
Auteur : Jean-Claude Bousquet
Date : novembre 2013
Le relief du territoire des garrigues est lié aux différences de dureté des roches et à leur disposition.
Là où les garrigues dominent
Des calcaires durs peu ou pas plissés, donnant un relief tabulaire
Le pays des garrigues a partiellement subi les effets du plissement pyrénéen vers –40 millions d’années. Dans certaines parties des garrigues les roches ont été peu ou pas touchées. Dans ce cas, la disposition simple des roches, parfois modifiée par des failles, se traduit par un relief assez homogène, sur de grandes étendues. C'est particulièrement le cas dans la plus grande partie du causse de Viols-le-Fort, où les calcaires massifs du Jurassique supérieur affleurent sur de vastes surfaces.
Des plis anticlinaux* sont creusés de combes marneuses profondes
Ailleurs, de grands plis ont modifié la disposition des calcaires. Du fait du plissement et des érosions ultérieures, combes et crêtes alignées est-ouest se succèdent. Selon que les roches impliquées sont dures (calcaires) ou tendres (argiles, marnes ou sables) et selon l’importance de l’érosion, deux situations
peuvent être observées. Quand l’érosion est importante, elle creuse de grandes dépressions (combes) dans le cœur des anticlinaux. Dans le secteur du Pic Saint-Loup, la combe de Mortiès est le cœur d’un anticlinal dont le pic est le flanc nord. En Vaunage, l’érosion a traversé les roches calcaires du Crétacé inférieur qui forment une large voûte anticlinale, pour atteindre la forte épaisseur de marnes (plusieurs centaines de mètres) du début de cette période.
Vers Viols-le-Fort, l’érosion n’a pas dégagé suffisamment les roches du Jurassique moyen pour atteindre les roches marneuses du Jurassique inférieur et s’y enfoncer. Les plis ne sont pas marqués dans le paysage. Des plis modérément creusés se rencontrent dans le bord nord du Causse d’Aumelas où une grande dépression anticlinale, à cœur de marnes jurassiques, s’étend entre Saint-Georges-d’Orques et Murviel-lès-Montpellier.
Dans le Gard, les plis des garrigues nîmoises et de Lussan offrent de beaux contrastes morphologiques * et lithologiques* entre anticlinaux massifs de calcaire, peu ou pas évidés et les synclinaux* aux roches tendres du Crétacé supérieur et du Tertiaire.
Des blocs basculés donnent des crêtes calcaires allongées, boisées et des dépressions marneuses cultivées
Après les plissements pyrénéens, des failles d’effondrement ont affecté le territoire, formant une succession de panneaux inclinés de calcaires souvent couverts de bois et de dépressions marneuses cultivées. La garrigue proprement dite occupe une moindre place à l’exception de quelques secteurs, où l’érosion a atteint les calcaires du Jurassique supérieur qui forment alors des massifs allongés limités abruptement vers l’est par faille (Forêt de Coutach, Bois de Paris).
Là où les garrigues sont éparses ou absentes
Dans les grandes dépressions de terrains tertiaires (“bassins” d’Alès et de Saint-Chaptes à Sommières) les cultures sont prédominantes. Seuls les affleurements de calcaires coquilliers et les secteurs de conglomérats et grès supportent des garrigues.
Les dépressions synclinales * du Bagnolais, au nord-est du territoire, à majorité de sables et argiles, sont peu propices au développement de la garrigue.
Les vallées alluviales, grâce à la richesse des sols, la présence permanente d’eau à faible profondeur et un relief plat, sont généralement cultivées.
Grèzes et baumes
Les calcaires sont aussi très sensibles à la fragmentation que leur fait subir l’eau qui gèle en augmentant de volume dans leurs discontinuités. Cette gélifraction* très importante pendant les périodes froides de l’ère Quaternaire a profondément affecté le territoire des garrigues comme en témoignent les éboulis en petits fragments (“grèzes”) qui tapissent de nombreux versants de vallées et de gorges (Hérault et Gardon) et certaines formes du relief, comme les baumes*.
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