wakka1.php (0.3MB) Les sols influencent la végétation
Auteur : GĂ©rard Souche
Date : novembre 2013
Les espèces végétales aident à repérer les différents sols.
Les plantes ne poussent pas sur n’importe quel sol ! Cependant, leur présence n’est pas en rapport direct avec la seule nature des sols. Pour comprendre la végétation, l’observation des sols doit être croisée avec les données topographiques (risques d’érosion, exposition), climatiques (l’altitude et l’éloignement par rapport à la mer peuvent être responsables d’écarts de pluviométrie et de température importants), foncières et anthropiques * (les activités humaines modifient fortement et durablement les sols et au-delà les paysages). Connaître l’histoire du territoire que l’on observe est donc indispensable.
Sur l’ensemble du territoire, les sols de plaine, les plus riches et fertiles, présentent un intérêt agronomique et sont de ce fait le plus souvent cultivés. Les sols de garrigues, minces et pauvres, sont occupés par une végétation “naturelle”.
Les sols de garrigues, issus essentiellement des roches de nature calcaire, sont principalement de trois types. Ils présentent des caractéristiques chimiques et des fonctionnements hydriques contrastés, liés à la nature même de leur matériau constitutif (argiles, limons, sables, cailloux) et de la roche mère qui les supporte (plus ou moins fissurée). Une végétation spécifique est adaptée à ces contraintes.
Les sols rouges fersialitiques, ou terra rossa
Comme leur nom l’indique, ces sols présentent une couleur rouille due à leur richesse en oxydes de fer. On les trouve sur des calcaires durs fracturés, du Jurassique et du Crétacé, parfois sur des calcaires lacustres de l’Éocène, formant des massifs, des collines ou des causses (par exemple : le Causse d’Aumelas, le massif de la Gardiole, le Causse de Viols-le-Fort, le Causse de Pompignan, le massif du Bois de Paris, le massif du Bois des Lens, le massif des Gorges du Gardon, les garrigues de Méjannes-le-Clap et de Lussan). Sur les terra rossa, l’eau s’infiltre rapidement au travers du sol et de la roche mère et ressort au pied des plateaux sous forme de résurgences (réseau karstique). Ce sont des sols qui ne contiennent généralement plus de carbonate de calcium libre qui a été dissous et entraîné par les eaux d’infiltration.
Dans la mesure où ils sont présents de façon significative, le Chêne vert (Quercus ilex) (par ailleurs présent sur tout support) ou le Chêne kermès (Quercus coccifera) peuvent indiquer des sols comme les terra rossa, développés sur une roche mère fracturée. Leurs racines puissantes s’insinuent profondément dans les fractures en assurant le maintien de l’arbre et en y puisant l’eau d’infiltration. De plus, les sols qui comblent ces fissures sont le produit de la décarbonatation de la roche. Ils sont de ce fait riches en oxyde de fer mais également en argile, d'où leur bonne rétention en eau. La hauteur et la densité de la végétation peuvent également renseigner sur la profondeur et / ou sur la richesse en éléments nutritifs d’un sol.
Les sols bruns calcaires
Dans les garrigues, ces sols sont souvent développés sur des formations de calcaires tendres, marnes ou calcaires marneux. Leur couleur varie du blanc au gris foncé en passant par des tons jaunes et bruns. On les trouve souvent dans les combes, sur les versants, où ils sont alors très érodés car le matériau est
fragile et à granulométrie fine. Sur les marnes, une grande partie de l’eau ruisselle. Le matériau étant fragile, des griffes d’érosion et des talwegs* se forment qui vont modeler ainsi un micro-relief. De plus, sous nos climats, ceci est exacerbé par la violence que peuvent atteindre les épisodes pluvieux (épisodes dits cévenols) surtout lorsqu’ils suivent immédiatement la période de sécheresse estivale.
Sur les marnes, le Pin d’Alep (Pinus halepensis) domine largement. Il possède un enracinement peu profond, à l’horizontale, lui permettant d’exploiter les ressources en eau proches de la surface. Le Romarin (Rosmarinus officinalis) est très présent sur les marnes en milieu ouvert.
Le Chêne pubescent (Quercus pubescens) est révélateur de sols relativement profonds, mais également de lieux frais, du fait d'une différence d’altitude ou d’exposition, par exemple dans les combes ou au pied des versants.
La végétation caractéristique des milieux humides peut apporter également de précieuses informations sur l’état hydrique du sol et révéler notamment un “point sourceux”. On pourra y trouver entre autres le Peuplier blanc (Populus alba) ou le Peuplier noir (Populus nigra var. italica) et le Scirpe-jonc (Scirpoides
holoschoenus). Il est aussi possible de rencontrer une végétation à tendance calcifuge sur les rives des cours d’eau du fait d’un drainage latéral qui évite l’accumulation du carbonate de calcium dans le profil de sol. La présence permanente d’eau favorise également une végétation “de climat tempéré” absolument pas méditerranéenne.
Les sols peu calcaires
Ils se développent généralement sur des roches détritiques : conglomérats, qui sont des dépôts de cailloux anguleux ou de galets, ou grès (constitués de grains de sable) cimentés par du calcaire ou des oxydes de fer, qui forment souvent des barres rocheuses (bancs de conglomérats de l’Oligocène, dépôts du
Vitrollien au front nord du Causse d’Aumelas, grès de l’Éocène de Castelnau-de-Guers, îlots du Crétacé supérieur des garrigues du nord-ouest montpelliérais, grès du Crétacé inférieur de l’Uzège). Ces sols se développent également sur des calcaires à chailles* (silice) (Jurassique moyen de Pignan) ou sur la dolomie*. Ils sont souvent repérables par la présence de la Bruyère multiflore (Erica multiflora) et de l’Arbousier (Arbutus unedo).
Cartes et illustrations