Le Roc de Pampelune : une colonie forestière de peuplement dans la garrigue montpelliéraine

Auteur : Laurent Schneider
Date : novembre 2013

L’éperon calcaire du Roc de Pampelune à Argelliers fait partie des excroissances méridionales du causse de Viols-le-Fort. Il barre au Midi le petit bassin de Saugras où sourdent les sources pérennes éponymes qui alimentent l’Arnède, modeste affluent de la Mosson. Ce plateau rocheux, naturellement défendu par des fronts de falaises, a accueilli dans les dernières décennies du V e siècle une agglomération d’environ 2,25 ha, dont l’apogée de l’occupation se situe autour des années 530-540 de notre ère. Le site est abandonné au début du VII e siècle. Sept ans de fouilles archéologiques réalisées par le CNRS entre 1999 et 2005 ont permis de mieux comprendre l’organisation des lieux. Délimité par une enceinte maçonnée dotée de tours, l’habitat comprend plusieurs dizaines de maisons organisées auprès de cours selon un tissu alvéolaire. Les constructions de plan rectangulaire sont toutes bâties en pierres maçonnées et disposent pour certaines d’étage et de citerne. Une église associée à un baptistère coiffe l’ensemble à la pointe occidentale de l’éperon et atteste que la communauté regroupée dans l’enceinte était largement christianisée, comme le montre par ailleurs la décoration de certains plats et lampes ornés de chrisme ou d’orants. Malgré son isolement apparent, le bourg est parfaitement inséré dans les grands circuits du commerce méditerranéen. Les habitants utilisent des vaisselles et consomment des vins venus de Méditerranée orientale et plus particulièrement d’Afrique du Nord (Tunisie actuelle). La population comprenait des artisans spécialisés dans les arts du feu, des forgerons disposant de savoir-faire de haute technicité mais aussi des bronziers et des verriers. L’exploitation des ressources en bois qui sous-tend ces artisanats explique en grande partie le choix du site et les motivations économiques de l’installation. Au cours du Moyen Âge, le massif exploité prend le nom de “Bois de Valène” géré par la ville de Montpellier.