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> Représentations / définitions
La garrigue : définition en écologie : formation végétale xérophile (= adaptée à la sécheresse) très ouverte, installée sur substrat calcaire »
Mais nombreuses représentations. Il est intéressant de remarquer que les représentations de la garrigue changent selon les usages que l'on en fait.
le paysage
> voir, ressentir la garrigue
La garrigue pour la comprendre, il faut y être aller, l'avoir vécu. Elle ne se livre qu'au bout d'un certain temps. Un des plus gros risques pour l'avenir de la garrigue, c'est l'oubli, que plus personne ne connaisse les plaisirs et les sensations d'être en garrigue. La faire connaître sur le terrain c'est un des meilleurs moyens de la préserver à long terme.
Voir, ressentir les odeurs, la chaleur, la luminosité, les différences entre saisons, les sons, le piquant, la pierre calcaire...
> un paysage çà bouge
On a trop souvent tendance à croire que le paysage c'est une carte postale, une image immuable. Pourtant, un paysage c'est vivant, çà bouge sans arrêt. C'est particulièrement vrai en garrigue. Un paysage de garrigue c'est une synthèse pluri-millénaire entre dynamiques humaines et dynamiques naturelles. Il y a les roches, qui témoignent de terribles mouvements géologiques qui a leur rythme changent sans arrêt le paysage (sédimentation, retrait des mers, montée des Pyrénées, effondrement du golfe du lion, mouvements de la méditerranée...). Il y a la végétation qui bouge de milieux ouverts vers des milieux fermés, et puis il y a l'homme, qui modèle le paysage depuis plus de 6000 ans. En garrigue, comprendre qu'un paysage bouge sans arrêt permet d'éviter de tomber dans des raccourcis du type la garrigue pour la protéger il faut plus rien toucher. Au contraire, si on veut conserver de la garrigue, il faut agir dessus. Et comment agir pour avoir des paysages souhaités et non subis ?
nature
> climat med particulier
Le climat méditerranéen est-il vraiment connu ? Au-delà de dire qu'il y a du soleil et de la chaleur en été et des hivers doux peu de gens savent décrire les caractéristiques du climat méditerranéen. Or la connaissance de ce climat est primordiale pour comprendre la garrigue. Le climat méditerranéen se caractérise par la fréquence des sécheresses, la forte luminosité et la grande variabilité des précipitations. Contrairement à d'autres climats (comme l'atlantique), la particularité du climat méditerranéen tient à ses irrégularités et ses excès. Il manifeste son action surtout par ses extrêmes, leur durée et leur intensité (pluie, sècheresse...) qui sont beaucoup plus parlantes que les moyennes.
> caractéristiques du calcaire
D'un point de vue étymologique la garrigue vient d'une racine pré-indoeuropéenne Gar ou Cal qui signifie « pierre », « caillou ». La roche est omniprésente en garrigue. La garrigue se caractérise notamment par sa roche : le calcaire. Le calcaire (roche sédimentaire) a formé une particularité : les reliefs karstiques. La roche détermine les grandes lignes du relief (calcaires durs sur les plateaux, marno-calcaire dans les vallons et les collines...). Les caractéristiques chimiques du calcaire déterminent également la végétation qui y pousse.
> adaptations des plantes
En garrigue, il y a des conditions et des contraintes particulières du milieu qui expliquent les adaptations des plantes : résister à la sècheresse, éviter la dent du mouton, repartir après le feu... Ces adaptations sont multiples ce qui a entraîné une grande diversité végétale. Comprendre ces adaptations apporte une clé de lecture indispensable pour comprendre la garrigue et ses richesses.
> faune particulière
Par conséquence la faune de la garrigue est diversifiée. On notera notamment une grande richesse en insectes et autres petites bêtes. Les groupes des orthoptères criquets, sauterelles) ou des lépidoptères (papillons) sont particulièrement bien représentés en zone de garrigue. Les reptiles sont également nombreux (ex. couleuvre de Montpellier, couleuvre à échelon, lézard ocellé, lézard hispanique, psamodromes...). De nombreuses espèces d'oiseaux très méditerranéennes se trouvent en garrigue (parmi les plus emblématiques le circaète Jean-le-Blanc qui se nourrit de reptiles ou l'Aigle de Bonelli qui se nourrit de lapins et perdrix).
> dynamique de végétation
Une pelouse au fil du temps va se transformer. A la place des graminées et autres herbacées, vont peu à peu apparaître des ligneux bas (ex. thym...) puis des ligneux de plus en plus buissonnants (ex. cades, buis...), au milieu de ces arbustes vont pousser des arbres (d'abord des pins, puis des chênes verts et enfin des chênes pubescents). Une perturbation brutale comme un feu, une coupe à blanc, un défrichage, va faire redémarrer le cycle à un stade de pelouse. La garrigue correspond à un milieu bas, mosaïques de pelouses avec quelques ligneux bas à buissonnants. Or la garrigue si on la laisse faire elle redevient une forêt. Ce sont notamment le pâturage de moutons, des défrichements, des feux d'entretien qui ont permis de maintenir de la garrigue. Mais dès que ces activités humaines cessent la dynamique de végétation reprend. Au 19e siècle les très nombreuses activités humaines expliquent les très grands espaces de garrigues de cette époque. Mais l'abandon de ces activités au cours du 20e entraine une reprise de la dynamique de la végétation. La garrigue se transformant en forêt.
Ouvre sur de nombreuses problématiques : développement pinèdes, risque incendie, baisse de la biodiversité, perte du caractère méditerranéen de la faune et de la flore, banalisation du paysage
> l'eau
L'eau en garrigue. Nombreux paradoxes : pluies torrentielles à certaines époques et aridité à d'autres (Cf. climat méditerranéen), eau quasi-absente en surface et abondante en profondeur (Cf. relief karstique, roche calcaire). Il y a une ressource en eau relativement importante mais peu accessible et très fragile. Adaptations à ces extrêmes : adaptations des plantes, adaptations des activités humaines (au niveau agriculture, besoin d'arrosage, BRL, mais aussi problématiques urbanisation, risque inondation, besoin en eau potable...).
> le feu
Le feu est un élément constitutif de la garrigue. Le feu a longtemps été un outil utilisé par l'homme (et notamment les bergers) pour entretenir la garrigue et éviter qu'elle ne se referme. De nombreuses plantes de garrigue sont adaptées au feu. On dit que ce sont des plantes pyrophytes. Avec l'abandon des activités traditionnelles en garrigue, le Pin d'Alep, espèce très inflammable, a colonisé d'immenses surfaces. A cela s'ajoute un développement urbain mité sous pinède. Le risque incendie devient élevé. La problématique se situe surtout au niveau de la protection des biens et personnes. Contrairement à ce qui peut être dit dans les médias, le feu en garrigue n'est pas une catastrophe naturelle (sauf quand passage répété sur un même espace). L'impact paysager est lui assez traumatisant car changement du paysage très rapide.
culture
> usages traditionnels
La garrigue a été utilisée par l'homme depuis des millénaires. Parmi les activités principales on notera : le pastoralisme (essentiellement ovin), l'agriculture (céréales, légumineuses, oliviers, vignes...), la sylviculture (bouscatier, charbonniers...). Mais localement ou à certaines époques d'autres activités ont pu avoir une très grande importance (verrerie, fabrication de chaux,...). La garrigue permettait également de pratiquer de nombreuses activités complémentaires (fabrication de balais, cochenilles du kermès, huile de cade) et de cueillette (plantes aromatiques, salades sauvages...). Ces usages traditionnels ont été particulièrement importants au 19e s. puis ont peu à peu disparu au cours du 20e. On trouve de nombreuses traces en garrigues de ces activités (murets, capitelles, mattes de chênes verts, anciennes verreries...)
> habitations en garrigue dans le temps
En garrigue, l'occupation humaine a démarré dans les grottes comme la grotte de l'Hortus à Valflaunès. Au néolithique de nombreux villages se situent dans les garrigues (Fontbuis à Villevieille ou Cabous à Viols-en-Laval). C'est de cette époque que datent le riche patrimoine mégalithique de la région (très nombreux dolmens et menhirs assez peu connus). A l'époque romaine, on trouve d'une part de nombreux oppidums sur les hauteurs et des villas romaines sur les coteaux et dans les plaines. Les villages vont descendre sur les coteaux que au moyen-âge. Epoque où vont être construites les très belles églises romanes de la région. Au 18 et au 19e siècle, les garrigues sont très habitées. Tous les mas sont occupés par de nombreuses familles. Mais à partir du 20e siècle, les guerres, l'exode rural, l'effondrement des usages traditionnels vont entraîner un abandon des garrigues. Le minimum sera dans les années 1960. Puis un nouveau phénomène apparaît : la métropolisation. Nîmes et surtout Montpellier grossissent très rapidement. Le développement de la voiture et la hausse des salaires permettant à un plus grand nombre d'accéder à la propriété expliquent le très rapide développement des maison individuelles. L'étalement urbain associé à un solde migratoire très positif va radicalement changer les paysages de garrigues par cercles concentriques autour des villes.
> nouveaux usages
L'agriculture, après avoir quasi-disparu, reprend localement sur des produits de qualité (ex des vins du Pic Saint Loup). La sylviculture, malgré d'importantes surfaces de bois, a du mal à reprendre. La garrigue est aujourd'hui surtout espace de loisirs. Choc de représentations (la garrigue çà appartient à tout le monde). Parfois conflits d'usages.
Le tourisme se concentre essentiellement sur quelques sites comme le Pont du Gard ou Saint Guilhem le Désert.
> culture, arts
La culture des garrigues se situe à la rencontre entre culture camarguaise et culture cévenole. Culture très paysanne et surtout culture du berger, berger transhumant qui partait sur l'Aigoual ou en Lozère. Culture liée à la langue, ici frontière entre occitan languedocien et provençal. La culture des garrigues a presque disparu, notamment du fait qu'elle était liée à des terres pauvres et difficiles.
Au niveau de l'art, la garrigue a inspiré quelques auteurs et peintres surtout par sa rudesse. Parler par exemple de Max Rouquette.
> évènements historiques
Quelques évènements historiques ont fortement marqué le paysage des garrigues. Ils sont notamment en rapport avec l'évolution démographique. Le premier événement historique notable est la sédentarisation et le début de l'agriculture et de l'élevage au néolithique. C'est le début de la garrigue. A l'époque romaine, boom démographique, l'utilisation des garrigues s'étend. Vers l'an mil, époque des grands défrichements faits par les moines, époque prospère. Au 14e siècle, la peste et la guerre de cent ans entraînent très grosses chutes de population. Beaucoup de zones de garrigues abandonnées. Extension forestière. Dès le 15e siècle, les verriers vont utiliser cette ressource importante de bois. La population augmente. Guerre de religions importante notamment à la frontière Gard/Hérault. A la révolution, morcellement des terres. Au 18e et 19e siècle utilisation max des garrigues. Les guerres du 20e s. accentuent l'abandon des zones de garrigues. Gel de 56 sonne le glas de l'agriculture en garrigue.
> approche géographique – place de la garrigue
La garrigue ce n'est pas qu'un milieu naturel, c'est aussi un territoire. On trouve des garrigues tout autour de la méditerranée. En France on en trouve en PACA et en Languedoc-Roussillon et un petit peu en Ardèche et en Drôme. Néanmoins, les garrigues gardoises et héraultaises forment une entité marquée tant géographiquement que sociologiquement. Elles se situent entre l'autoroute A9 et les Cévennes, et entre la vallée de la Cèze et la vallée de l'Hérault. Elles forment le plateau central du gradin méditerranéen. Elles se situent au-dessus du cordon de ville Montpellier-Nîmes. Leur avenir est intimement lié aux agglos Montpellier-Nîmes-Alès.