Évoquer le patrimoine naturel d’un territoire de 340 000 hectares, cela mériterait des centaines de pages pour faire le tour de cette richesse. L’Atlas des garrigues n’est pas le lieu de cette monographie. Mais il doit bien sûr en tracer les grandes lignes. Celles-ci sont d’ailleurs simples et faciles à comprendre. L’observateur un peu attentionné pourra constater que le patrimoine naturel des garrigues languedociennes est considérable et pourtant menacé, essentiellement par l’étalement urbain et la déprise agro-pastorale.
Nous abordons la biodiversité vue sous l’approche des écosystèmes* et sous celle de certains des groupes biologiques les plus remarquables ou les plus emblématiques (oiseaux, reptiles, insectes, orchidées...). Les chapitres sont encadrés par des considérations et des informations plus générales : les garrigues dans le monde, l’histoire des paysages *, la connaissance de la biodiversité et la réalité de ses modes de protection ou de gestion.
D’où une série d’articles courts, synthétiques, allant à l’essentiel sur les thématiques et les exemples les plus démonstratifs, écrits par un grand nombre d’auteurs, porteurs d’un message cohérent.
Le fil rouge, répété comme un refrain et ré-argumenté au fil des pages, est que les paysages de garrigues et les peuplements biologiques qui les composent ont été largement favorisées par des générations d’hommes et de femmes qui les ont modelés et exploités de façon extensive.
La leçon qui en découle aujourd’hui, pour conserver ce patrimoine (ce territoire a d’énormes responsabilités en ce domaine !), est qu'il faudra réinventer ces exploitations extensives et durables, aujourd’hui en déclin : coupes de bois, agriculture peu polluante, pastoralisme à haute valeur ajoutée, politiques publiques ambitieuses.
La garrigue évolue – plus vite peut-être que d’autres écosystèmes – et cela bouleverse la vie qu’elle abrite. C’est donc de cette dynamique dont il est question : une dynamique paysagère, issue d’une évolution démographique, sociale et économique, dynamique de nos capacités à entreprendre collectivement des projets de territoire.
Mais aussi dynamique de la connaissance, car la garrigue a été jusqu’à récemment assez peu étudiée sur le plan naturaliste. Beaucoup des choses écrites dans les chapitres qui suivent sont issues de travaux récents. Sur la plupart des thèmes et sur une grande partie du territoire, il reste encore des investigations à produire, des observations à réaliser, des carnets à remplir et une multitude de connaissances à partager.