La garrigue, un habitat de choix pour les reptiles
Auteur : Philippe Geniez et Marc Cheylan
Date : novembre 2013
La garrigue du Languedoc constitue un habitat de choix pour les reptiles, abritant des espèces méditerranéennes et des espèces qui ne le sont pas.
Les dix espèces méditerranéennes présentes sur le territoire des garrigues comme le Lézard ocellé (Timon lepidus) ou la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), sont toutes plus ou moins liées aux milieux ouverts et bien ensoleillés. Les deux espèces de geckos présents sont inféodées à l’heure actuelle aux infrastructures humaines.
Les cinq espèces non-méditerranéennes présentes sur le territoire des garrigues comme la Couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus) ou le Lézard vert (Lacerta bilineata), sont, sous nos latitudes, des reptiles qui recherchent plutôt les zones à couvert végétal assez important où elles peuvent y trouver humidité et refuges.
S’ajoutent trois espèces semi-aquatiques dont la présence n’est liée ni à la garrigue, ni aux zones non-méditerranéennes : la Cistude d’Europe (Emys orbicularis), la Couleuvre à collier (Natrix natrix) et la Couleuvre vipérine (Natrix maura). Ces reptiles sont globalement des espèces d’affinités médio-européennes et à large répartition dans notre pays.
Ainsi, le territoire des garrigues compte 18 espèces de reptiles, soit 72 % de la faune herpétologique du Languedoc-Roussillon (25 espèces) et apparaît comme un domaine majeur pour la conservation des reptiles de la région.
Ce riche cortège subit actuellement de nombreuses pressions, dont les principales sont l’urbanisation et la fragmentation du territoire par l’impact des routes sur les animaux qui tentent de les traverser. Mais une menace plus insidieuse, dont les effets sont déjà perceptibles, se profile à l’horizon : l’impact de la déprise agricole. La réponse naturelle à ce profond changement des activités humaines est la fermeture du milieu qui se traduit par une reforestation. Cette évolution du couvert est vraisemblablement négative sur les espèces méditerranéennes et positive sur les espèces non-méditerranéennes qui profitent de la progression forestière pour accroître leur colonisation vers le sud. Les mécanismes de cette adaptation ou non à la reforestation ne sont pas clairement connus mais il est probable que la compétition qu’opposent les espèces non-méditerranéennes aux espèces méditerranéennes doit y jouer un rôle important. Ainsi, sur plusieurs couples d’espèces méditerranéenne / non-méditerranéennes, il a pu être montré récemment une progression de ces dernières au détriment des premières : Lézard ocellé (méditerranéen) / Lézard vert occidental (non-méditerranéen), Lézard catalan / Lézard des murailles, Couleuvre à échelons / Couleuvre d’Esculape, Couleuvre de Montpellier / Couleuvre verte-et-jaune.
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