Les amphibiens, prestigieux habitants des mares
Auteur : Philippe Geniez et Marc Cheylan
Date : novembre 2013
Les amphibiens – appelés aussi batraciens – sont des vertébrés qui, pour la plupart, ont une phase de vie larvaire qui se déroule dans l’eau, et une phase imaginale (adulte) terrestre ou semi-aquatique. Ils se divisent, dans les régions tempérées, en deux grands ordres : les Urodèles (ou Caudata), qui conservent leur queue à l’âge adulte (tritons et salamandres), et les anoures dont la queue se résorbe et disparaît à la métamorphose (crapauds, discoglosses, rainettes, grenouilles, etc.).
Le paradoxe du paysage relativement xérique qu’est la garrigue, est que les amphibiens y sont bien représentés, bien diversifiés et abondants malgré la sécheresse estivale. On y trouve en effet la plupart des espèces présentes dans la région, ce qui n’est pas le cas dans les formations forestières de l’arrièrepays, pourtant bien plus arrosées. Au sein du territoire des garrigues, les amphibiens peuvent être rangés en deux catégories bioclimatiques : les espèces d’affinité méditerranéennes (Pélobate cultripède, Pélodyte ponctué, Rainette méridionale, Grenouille de Pérez et Grenouille de Graf, auxquelles il faut ajouter le Discoglosse peint, introduit en France au début du XXe siècle) et les espèces d’affinités médio-européennes répandues à la fois dans la garrigue et plus largement sur une bonne partie de la France (Salamandre tachetée, Triton crêté, Triton marbré, Triton palmé, Alyte accoucheur, Crapaud commun, Crapaud calamite, Grenouille agile et Grenouille rieuse, cette dernière considérée comme implantée dans la région avec l’aide de l’homme). Ce sont donc pas moins de 15 espèces d’amphibiens (79 % de la richesse régionale) qui sont présentes au sein du territoire des garrigues. Parmi elles, deux espèces sont cependant très rares, en limite de répartition et plus ou moins liées à la forêt : le Triton crêté et la Grenouille agile, qui ne subsistent qu’à l’état relictuel dans l’Est du département du Gard.
L’attractivité de la garrigue pour les amphibiens résulte essentiellement de la multitude de mares, pour la plupart créées par l’Homme. De par leur isolement vis-à-vis des réseaux hydrographiques avoisinants, ces mares offrent un habitat de reproduction de choix pour les espèces ayant tendance à s’effacer devant les espèces plus compétitives, pour ne pas dire envahissantes, telles que les Grenouilles rieuses, originellement absentes des mares des garrigues. En outre, les mares ne contiennent originellement pas de poissons, prédateurs redoutables des oeufs et des larves d’amphibiens. Malheureusement, l’introduction par l’Homme de Grenouilles rieuses, de Discoglosses peints, de poissons, de tortues aquatiques exotiques et d’écrevisses américaines, mettent en péril les peuplements d’amphibiens autochtones, particulièrement les espèces méditerranéennes de la garrigue.
Cartes et illustrations
Pélobate cultripède (Pelobates cultripes).
Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus).
Pélobate cultripède (Pelobates cultripes).
Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus).
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