...dont de nombreuses espèces de chauves-souris
Auteur : Blandine Carré
Date : novembre 2013
Près de 23 espèces de Chiroptères sont recensées sur le territoire des garrigues1, correspondant aux deux tiers des espèces présentes en Languedoc-Roussillon et en France. Cette richesse remarquable est liée au contexte méditerranéen et à la diversité des milieux naturels, qui sont autant d’habitats * exploitables tant pour l’alimentation que comme gîtes de repos.
Les formations karstiques - avens, grottes, falaises - sont l’habitat essentiel des chauves-souris cavernicoles et fissuricoles. Toutefois, la convergence de conditions (volume, orientation, température, hygrométrie) nécessaires à l’installation de colonies à chaque étape de leur cycle biologique, semble rare si l’on considère le nombre peu élevé de cavités qui abritent des rassemblements de Chiroptères. Les chauves-souris exploitent également les cavités artificielles telles que mines, caves, aqueducs, etc. parfois occupés par plusieurs milliers d’individus.
Le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi), le Murin de Capaccini (Myotis capaccini) ou encore le Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale) font partie de ces espèces méridionales strictement cavernicoles, pour lesquelles le territoire des garrigues représente un fort enjeu de conservation. D’importantes colonies sont notamment connues dans les Gorges de l’Hérault et du Gardon, ainsi que dans la haute vallée du Vidourle.
D’autres espèces, telles que le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), sont fissuricoles : ils utilisent comme gîte les failles de grandes parois verticales, de falaises, les corniches de grands édifices tels que le célèbre Pont du Gard. Le Molosse de Cestoni niche toujours en hauteur car son poids important et ses ailes étroites lui confèrent une faible portance et l’obligent à prendre son envol depuis un point élevé.
Dans ce paysage karstique globalement aride, les grands cours d’eau (l’Hérault, le Gardon, la Cèze, etc.) ont une importance considérable pour la majorité des espèces de chauvessouris. Les ripisylves * et les milieux aquatiques abritent une entomofaune diversifiée et abondante, constituant une ressource alimentaire précieuse à proximité des gîtes. Par ailleurs, les fleuves et leurs affluents constituent des axes de déplacement privilégiés et fortement utilisés par les chiroptères pour circuler entre les différents gîtes ou gagner des sites de chasse.
Le Murin de Capaccini (Myotis capaccini), strictement méditerranéen, est l’espèce emblématique de ces territoires. Il exploite les milieux aquatiques pour s’alimenter des insectes émergeant de l’eau (trichoptères, diptères, éphéméroptères) et un réseau de cavités souterraines pour s’abriter tout au long de l’année.
Contrairement aux autres groupes faunistiques où les espèces emblématiques sont liées aux milieux ouverts et secs à forte méditerranéité, les plateaux et les causses (Causse d’Aumelas, Causse de la Selle, garrigues de Nîmes et de Montpellier, etc.), plus secs et plus pauvres en diversité d’insectes, sont peu attractifs pour une majorité d’espèces de chauves-souris. Cependant, à ces milieux ouverts est associée une importante biomasse d’orthoptères (criquets et sauterelles), qui sont les proies de prédilection du Petit Murin (Myotis oxygnathus). Cette espèce de grande taille est spécialiste de la chasse dans les milieux herbacés.
Lorsqu’elles sont pâturées, les pelouses abritent des cortèges d’insectes coprophages, tels que les géotrupes et autres scarabées, qui sont consommés par le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum). Cette dernière espèce est intimement liée aux milieux agropastoraux, et le bétail lui offre non seulement le couvert mais également le gîte, lorsque la bergerie ou l’étable s’y prêtent.
1. D'après les données du Groupe Chiroptère Languedoc-Roussillon.
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