La garrigue à travers le monde



Auteur : John D. Thompson
Date : novembre 2013

La garrigue et des milieux similaires sont présents dans toutes les régions à climat méditerranéen


Dans toutes les zones sous influence du climat méditerranéen (caractérisé par une irrégularité des précipitations et une saison sèche estivale), il existe des formations végétales dominées par une végétation basse avec abondance de petits ligneux* et de plantes herbacées. Ces formations se développent sur des sols, d’une part pauvres en éléments nutritifs et donc peu fertiles et, d’autre part, pierreux ou caillouteux avec de fréquents affleurements de la roche mère.
Dans le Midi de la France, sur sols calcaires il s’agit de la garrigue. Sur silice (en Provence, dans les Pyrénées-Orientales, autour de Saint-Chinian, en Corse...) c’est le maquis, où thyms et romarins laissent plus de place aux Éricacées (famille des bruyères) et à une végétation plus dense et moins basse.
Ce que l’on appelle la garrigue ou le maquis en France, est un milieu emblématique de la Méditerranée et on le retrouve à de multiples reprises dans les autres pays de la Méditerranée mais sous des dénominations différentes et à formes très variables. Ce sont les matorrals en Espagne (le terme est également utilisé de façon générique pour regrouper toutes les variantes régionales), la phrygane en Grèce et la bartha en Israël. Ces milieux typiquement méditerranéens existent aussi dans les autres régions méditerranéennes du monde ayant un climat similaire ; en témoignent le chaparral de la Californie, le matorral au Chili, le fynbos dans la région du Cap, le kwongan ou le mallee du sud-ouest de l’Australie.

Une biodiversité exceptionnelle et des adaptations à la sécheresse estivale


Malgré la distance, c’est partout la même chose : une importante diversité biologique dans des milieux caractérisés par des contraintes de sécheresse et de pauvreté en nutriments. En effet, à première vue, et en dépit des différences en termes d’espèces, de genres, voire de familles entières, de nombreuses similitudes existent entre ces différentes formes de végétation : plantes aromatiques et odoriférantes, floraison parfois répétée au printemps et à l’automne, diversité exceptionnelle. Mais la caractéristique peut-être la plus connue est la présence de ligneux toujours verts (sempervirents *), à feuilles coriaces : on parle de végétation sclérophylle*.
On peut résumer ces nombreuses similitudes en deux grands types d’adaptations à la sécheresse estivale. Il s’agit :
- soit de survivre à la sécheresse estivale,
- soit tout simplement de l’éviter.

En premier lieu, certains traits biologiques et physiologiques permettent de minimiser les pertes d’eau pendant l’été : la régulation de l’activité physiologique, la fermeture des stomates*, des feuilles toutes étroites sont autant d’exemples d’adaptations qui permettent de survivre à l’été meurtrier.
Deuxième stratégie : on se cache dans le sol évitant ainsi la sécheresse en finissant son cycle annuel avant la période estivale. L’abondance de plantes annuelles qui produisent leurs graines et les disséminent avant de mourir en sont un témoin partout où l’été se conjugue avec sécheresse. Dans certaines de ces régions, du bassin méditerranéen et le fynbos d’Afrique du Sud notamment, cette stratégie d’évitement se manifeste par la présence d’une très grande diversité de plantes à bulbes - les géophytes. Ces espèces accomplissent leur cycle annuel avant l’été et passent ensuite une période de dormance estivale, puis refont les fleurs et/ou les feuilles à l’automne quand la pluie revient. Que seraient les paysages méditerranéens sans les narcisses, les orchidées, les iris, les crocus et autres plantes à bulbes si caractéristiques de la garrigue ?

Des milieux en pleine dynamique


Derrière ces similitudes statiques se cache un trait commun lié à la dynamique de la végétation. Autrefois vue comme une dégradation anthropogène* de la forêt, la garrigue et ses variantes géographiques sont désormais perçues comme des milieux remarquables du fait de leur richesse en espèces. Mais c’est une richesse qui n’est pas statique. Toutes ces formations de végétation basse de type garrigue se placent sur une trajectoire commune, quelque part entre la friche ou la pelouse et la forêt. Dans la plupart de ces régions, la récurrence historique des feux d’origine naturelle ou humaine a depuis longtemps contribué à favoriser l’apparition de ces formations. On voit d’ailleurs, à travers les analyses de traits biologiques, de nombreuses adaptations au feu tout autant qu’à la sécheresse. Ces milieux sont aussi en pleine dynamique dès lors que l’Homme cesse de les faire pâturer ou de réduire ses utilisations de l’arbre et de la forêt. Les garrigues, partout dans le monde, se trouvent dans un cycle écologique dont les activités de l’Homme sont partie intégrante.




Cartes et illustrations

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Garrigues à travers le monde
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Maquis et garrigues en France

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Colchique d'automne, plante à bulbe
































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