...et les espèces de petit gibier régressent
Auteur : Sandrine Navarre, Jérôme Letty et Françoise Pnce-Boutin
Date : novembre 2013
Si les effectifs d’ongulés sauvages ont fortement augmenté depuis la seconde moitié du XX e siècle, la situation du petit gibier sédentaire est bien différente. Inféodées aux milieux ouverts et cultivés, les populations de Perdrix rouge, Lapin de garenne et Lièvre d’Europe ont vu leurs effectifs diminuer sur le même pas de temps.
Mais il est difficile de savoir quelle est l’ampleur de cette diminution. Le recensement de ces espèces est loin d’être systématique et souvent restreint à quelques territoires, les seules données disponibles concernant les animaux prélevés à la chasse. Ces informations ne sont donc que partiellement représentatives de l’état des populations sauvages, d’autant que toutes ces espèces font souvent l’objet de lâchers avant la saison de chasse, avec des individus rarement marqués et donc impossibles à différencier des animaux sauvages.
La modification et la disparition des habitats * des espèces concernées restent les causes principales de cette régression. Avec la déprise agropastorale d’une part et une urbanisation croissante d’autre part, les pelouses, garrigues basses et surfaces agricoles disparaissent au profit de zones embroussaillées et boisées ou artificialisées (habitations, axes routiers, zones d’activités...). Les habitats sont moins favorables et plus fragmentés, les populations se trouvent alors d’autant plus fragilisées face aux autres facteurs de mortalité qui les touchent.
Les maladies, en particulier chez les lagomorphes (lièvres et lapins), comptent parmi les causes importantes de mortalité. Le lapin a vu ses populations décimées suite à l’introduction de la myxomatose en France en 1952, puis à nouveau à la fin des années 1980 avec l’émergence de la maladie virale hémorragique (VHD). Le Lièvre n’est pas épargné par les épidémies, mais semble moins sensible que son cousin le Lapin, probablement du fait de son mode de vie plus solitaire.
Afin de maintenir, voire de reconstituer ces populations de gibier très prisées des chasseurs, des lâchers d’animaux, souvent issus d’élevage, sont pratiqués depuis de nombreuses années. Cependant ces actions, même accompagnées d’aménagements, s’avèrent peu concluantes sans une limitation raisonnée des prélèvements. De plus, ces opérations de lâchers nécessitent de prendre de nombreuses précautions. Les conditions d’élevage doivent être optimales pour garantir le bon état sanitaire des animaux, sans risque de contamination pour les individus sauvages. Une attention particulière doit être également portée au caractère génétique des animaux pour éviter les Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus). risques de pollution génétique des populations naturelles (cas de la Perdrix rouge sauvage qui présente un fort taux d’hybridation avec la Perdrix choukar sans que l’on en connaisse exactement les conséquences).
Il existe encore certainement une marge de progression dans la connaissance et la mise en œuvre, par les acteurs du monde cynégétique, de mesures de gestion durable en faveur du petit gibier. L’avenir de ces populations mais également de nombreuses espèces remarquables des garrigues, dépend
avant tout du maintien de leur écosystème, cette mosaïque de milieux ouverts et agro-pastoraux qui nécessite, au-delà du monde de la chasse, la mobilisation de l’ensemble des acteurs et gestionnaires du territoire.
Cartes et illustrations
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