Les zones agricoles et bâties, des milieux à part entière
Auteur : Olivier Larrey
Date : novembre 2013
Les zones cultivées et bâties du territoire des garrigues présentent aussi un intérêt pour les naturalistes. Les mosaïques de cultures, des bassins et coteaux favorisent des cortèges d’espèces adventices* originales.
En fin d’hiver, les fleurs blanches de la Fausse roquette (Diplotaxis erucoides) recouvrent le sol des vignes, témoignant de la présence d’une formation végétale originale typique du territoire des garrigues. De nombreuses espèces sont inféodées à cette culture omniprésente. Leur présence est très liée aux pratiques culturales. Plantes ennemies, plantes alliées, plantes compagnes, plantes envahissantes ou plantes témoins, elles font aujourd’hui l’objet d’une attention particulière dans les démarches de re-qualification du vignoble.
Des espèces animales sont également présentes dans les vignes, certaines attirées par la présence des raisins, d’autres se nourrissant des feuilles comme les chenilles du Sphinx de la vigne.
De nombreux prédateurs de ces espèces trouvent refuge dans les haies qui bordent les vignes et les cultures. Ces haies sont ici souvent composées d’arbres fruitiers comme les amandiers, qui se couvrent d’une multitude de fleurs blanches dès la fin de la mauvaise saison, les figuiers, les azeroliers... C’est le domaine de la Pie-grièche à tête rousse qui est à l’affût de quelques insectes, lézards et micro-mammifères. Cet oiseau a la particularité d’empaler ses proies sur les épines des arbres et arbustes environnants.
Lié aux cultures des garrigues, le maillage très important de murets en pierres sèches et autres clapas* constitue également un habitat très favorable pour les reptiles comme le Lézard ocellé, la Couleuvre de Montpellier ou la Couleuvre à échelons. Le Pachyure étrusque, un minuscule mammifère insectivore, y chasse également criquets ou sauterelles.
Les villages et les mas du territoire des garrigues abritent aussi de nombreuses espèces originales. En effet, l’architecture locale, basée sur la construction en pierre calcaire et des toits en tuiles rondes, offre de nombreuses caches pour la faune. Le gecko (Tarente de Maurétanie), s’y abrite en journée, sortant la nuit à proximité des lampadaires pour chasser les nombreux insectes attirés par la lumière. Le Petit-duc d’Europe, aux moeurs très nocturnes, est également spécialiste de ce milieu. Cavernicole, il niche dans des cavités des murs, sous des tuiles ou dans des trous de platanes. Dès les douces nuits de mars il anime de son chant flûté les rues et les jardins. Quant au Faucon crécerellette, il trouve des conditions favorables à sa nidification et à sa nourriture sur des
terres agricoles environnantes. Petit rapace insectivore vivant en colonie, il était autrefois bien présent dans les villages des garrigues mais a connu une régression très importante durant la seconde moitié du XX e siècle. Il a été aujourd’hui retrouvé dans quelques villages en bordure du territoire.
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