De nouveaux choix urbains : l'exemple du quartier vigneron à Saint Géniès des Mourgues

Auteur : Michel Dupin
Date : novembre 2013

La forte pression urbaine qui s’exerce depuis quelques décennies sur le territoire des garrigues pose des questions redoutables aux responsables des communes rurales. Comment accueillir de nouveaux habitants en les intégrant à la vie locale ? Comment éviter le village dortoir, l’étalement urbain et le mitage du territoire qui se font au détriment des terres agricoles et des espaces naturels ? Comment urbaniser sans douleur, rompre avec le pavillonnaire étalé et créer du lien social entre habitants et arrivants ?...
Ici et là, des réponses nouvelles sont expérimentées : greffes urbaines, habitats groupés, hameaux agricoles, éco-quartiers, habitats coopératifs... À titre d’exemple, la réalisation du quartier Vigneron à Saint-Géniès-de-Mourgues nous apporte un éclairage novateur avec une opération de greffe urbaine dans une commune périurbaine, très attachée à son activité agricole et à sa convivialité villageoise.
Dans cette commune de 1 800 habitants, située à 20 km au nord-est de Montpellier, la municipalité a souhaité répondre à deux besoins : offrir du terrain à bâtir pour les agriculteurs et des logements abordables pour une population jeune. Sur des terres acquises par la commune en limite du village, l’opération a pris la forme de deux lotissements contigus et reliés entre eux :
- un lotissement communal (2 ha) de 12 parcelles réservées aux agriculteurs,
- un lotissement d’habitat individuel (3,3 hectares) confié à un opérateur social pour 22 lots primo-accédants, 22 parcelles libres et la construction de 20 logements sociaux.
Le quartier résidentiel, organisé autour de deux places urbaines arborées, a visé la mixité de l’habitat en distribuant les logements sociaux, conçus sur le principe de la maison vigneronne, aux points-clefs de chacune des deux places.
Cette réalisation s’inscrit dans la démarche de la commune pour le maintien de la sociabilité villageoise et la préservation du terroir agricole. Dès 1990, la commune avait aménagé un lotissement de remises pour les agriculteurs, en échange de leur renoncement à bâtir sur les terres agricoles.
Le succès du quartier Vigneron découle de la détermination municipale qui s’est assuré les outils nécessaires : la maîtrise foncière, la gestion sociale des attributions, la présence d’un opérateur déjà engagé sur la commune et d’un concepteur unique tant pour l’aménagement d’ensemble que pour la construction des logements sociaux. Trois facteurs ont contribué à la qualité de l’aménagement urbain : le concept de la maison vigneronne comme principe de groupement, la générosité des espaces publics (27 % de la surface totale) et le mixage des divers types d’habitat.