La cohabitation avec un milieu naturel et vivant
Auteur : Stéphanie Ferrier
Date : novembre 2013
Le développement des activités de loisirs peut parfois perturber le fonctionnement d'écosystèmes * fragiles peu habitués à la fréquentation. Par exemple, en permettant l'accès à des sites alors inaccessibles, l'escalade peut perturber des espèces menacées. Grimpeurs et protecteurs ont ici réussi trouver un compromis.
Des falaises recherchées par l’Aigle de Bonelli...
Les Gorges du Gardon, classées en 1982, s’étendent sur plus de 3 000 hectares aux portes de l’agglomération nîmoise. Le mariage des plateaux arides, des forêts de chênes verts, des falaises et des eaux claires du Gardon présente un intérêt paysager marqué. Plusieurs espèces rares et protégées inféodées à ces milieux y trouvent refuge et nourriture, dont l’Aigle de Bonelli (33 couples seulement au niveau national) et le Vautour percnoptère.
... et par les grimpeurs.
À partir des années 1980, les grimpeurs ont commencé à affluer de France et d’Europe dans les gorges, notamment sur les falaises entre Russan et Collias. Près de 600 voies y sont équipées et fréquentées en toute saison, hormis l’été, parfois à proximité immédiate des sites de nidification des Aigles de Bonelli et des vautours.
Protéger et gérer
Des mesures de protection
Des échecs de nidification étant constatés, des mesures réglementaires et de gestion sont alors adoptées : site classé, arrêté de protection de biotope * interdisant notamment l’escalade, Zone de Protection Spéciale, Site d’Intérêt Communautaire, Réserve Naturelle Régionale, ZNIEFF.
Une charte de bonne conduite
Parallèlement, le Syndicat Mixte des Gorges du Gardon et le Comité Départemental de la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade (FFME) travaillent à concilier pratiques sportives et préservation durable de la faune et de la flore. En 2001, une charte de bonne conduite est signée. Ses objectifs partagés sont d’encadrer la pratique de l’escalade et d’assurer son développement, tout en préservant le site naturel et la quiétude de la reproduction des rapaces. Des zones ornithologiques d’intérêt prioritaires y sont définies dans lesquelles toute pénétration est exclue. La charte définit les zones ouvertes à la pratique, les modalités d’équipement, d’information et de signalisation des sites. Près d’une trentaine de voies non autorisées sont déséquipées.
Un livret pour mieux expliquer
En 2010, le Syndicat Mixte des Gorges du Gardon édite un livret décrivant les secteurs autorisés à l’escalade et les enjeux environnementaux liés à la pratique et au site. Tiré à 3 000 exemplaires et distribué auprès des offices du tourisme, des professionnels de l’escalade, des mairies, ce document permet de faire connaître la charte auprès des pratiquants.
Cartes et illustrations