Auteur : Patrick Brunet, Françoise Kouchner Date : novembre 2013
Pour la spéléologie par exemple, la garrigue est “unique au monde”. Un sentier étroit qui se faufile, quelques cairns, une cavité visible ou un simple “trou souffleur”... Là commence un autre monde, celui des cavités et des avens.
De belles verticales, parfois noyées
7 000 cavités sont recensées dans l’Hérault et le Gard, soit une densité de cavités rarement égalée dans le monde, dont une grande part se concentre sous les garrigues entre Hérault et Vidourle. Le réseau souterrain y est plutôt vertical, riche en puits, avec des profondeurs pouvant atteindre –400 m, comme à l'aven de la Capitelle (monts de Saint-Guilhem –408 m). L’eau est souvent présente. Alimentées par des vastes bassins versants, les mises en charge sont spectaculaires : l’eau peut ainsi monter d’une centaine de mètres de hauteur dans l’aven de la Potence (–178 m, Montagne de la Celette, Causse de Puéchabon)...
Une forte culture spéléologique
Verticalité et réseau noyé réservent l’accès du réseau souterrain à des pratiquants expérimentés, locaux ou provenant de France ou d’Europe. Il existe ici une longue tradition spéléologique : la première Fédération Nationale de Spéléologie fut créée dans l’Hérault, et c’est dans l’Hérault encore que fut transféré le Musée national de la Spéléologie en 1971.
Malgré la découverte permanente de nouvelles cavités ou de nouveaux réseaux, le karst * des garrigues est très loin d’être totalement exploré, de nombreux défis restent ouverts, notamment sur la compréhension des réseaux hydrologiques complexes. Les explorations se poursuivent, subtil mélange de challenges sportifs et de démarches scientifiques, grâce à une coopération bien établie avec les chercheurs montpelliérains. Plusieurs facteurs tempèrent toutefois la dynamique de l’activité : diminution du nombre de pratiquants, difficultés foncières d’accès aux sites, prise en compte des contraintes environnementales.
Quelques grottes grand public
Hormis quelques pas à la frontale dans des entrées de grottes ou de rares sorties encadrées, tout ce monde souterrain restera pour l’essentiel réservé aux initiés. Le grand public pourra en entrevoir la richesse dans quelques grottes aménagées spectaculaires qui font partie des principaux sites touristiques des garrigues : 100 000 visiteurs découvrent chaque année les grottes des Demoiselles et de Clamouse, cette dernière faisant rêver touristes et spéléologues, chacun à leur niveau.