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ENTRE GARRIGUE ET FORÊT, QUEL DYNAMISME !


On assiste au sein d'un milieu à ce que l'on appelle une dynamique de végétation: une succession naturelle faite de plusieurs stades dont l'aboutissement est représenté par le stade terminal (appelé "climax"), en l'occurence ici: la forêt.

Pour ne rien simplifier, cette dynamique pourra être perturbée si l'homme intervient à un moment donné, et les conséquences n'en seront pas les mêmes en fonction du type d'intervention (pâturage, coupes...) !

Voyons ces évolutions à travers la figure suivante simplifiée, en prenant comme point de départ une vraie garrigue d'écologue (voir la définition scientifique): une végétation d'arbustes et d'arbrisseaux sur un terrain calcaire dur, ici en n°1.
Deux chemins sont possibles: soit l'homme n'intervient pas, soit il met la garrigue en pâture.


ggg *


  • ET SI L'HOMME... n'intervient pas ?

La dynamique naturelle est en marche vers la forêt, qui se développe de plus en plus au fil des années au dépends de la garrigue. Au début de cette dynamique, ce sont surtout des chênes verts (sempervirents) qui ont l'avantage, c'est l'étape n°2. Par endroits, on verra aussi se développer des érables de Montpellier, adaptés à l'aridité du Midi et affectionnant les friches.

Puis, au fur et à mesure, le couvert de ces chênaies deviendra suffisamment dense pour permettre la germination et la croissance de chênes blancs dessous (caducifoliés), préférant des endroits plus frais, plus ombragés. A très long terme (300 ans), ils viendront remplaçer les premiers et constituer une chênaie blanche, c'est le stade terminal représenté en n°3.

La strate arbustive se voit aussi évoluer. Alors que l'ombre augmente et fait descendre la température au sol, dans le même temps, les feuilles des arbres viennent enrichir la litière. Les plantes du soleil vont partager progressivement la place avec des espèces moins exigeantes en lumière. Buis, lauriers-tin, lierre, faux-houx entre autres vont constituer ce nouveau sous-bois.

Remarque: il va de soi que si un événement vient casser cette dynamique et que de la forêt est détruite, ce sont d'abord des arbustes et arbrisseaux qui repousseront en premier, ramenant le milieu à l'étape n°1.


  • ET SI L'HOMME... élève des moutons ?

Pour cela, il va devoir brûler afin d'obtenir un milieu adpaté au pâturage. La garrigue, sous la pression pastorale, laisse alors la place à une pelouse à brachypodes (ou "herbes à moutons"), parfois accompagnés d'aphyllanthes, c'est l'étape n°4.

Deux possibilités s'offrent alors: le pâturage est entretenu régulièrement et le milieu reste au stade de pelouse, ou bien le pâturage régresse (sans être totalement abandonné) et des espèces végétales basses, peu broutées (buis, chêne kermès...), vont se développer en regarnissant les pelouses. C'est le stade n°5.

Si l'abandon du pâturage est total, la garrigue reprendra son aspect n°1, suivi de l'évolution naturelle vers la forêt de chênes verts puis blancs. La boucle est bouclée !


ggg *



  • ET SI L'HOMME... cultive ?

Troisième piste non évoquée dans la figure ci-dessus et pourtant pratiquée dans le midi, celle des cultures. On peut citer les plus importantes: l'olivier et la vigne. Que se passe-t-il à partir du moment où ces activités sont abandonnées ? Quelle évolution le milieu, mis à nu, subit-il ?

Remarque: pour l'installation de cultures, il aura fallu au préalable ouvrir le milieu en défrichant de la forêt.

Ces espaces très ouverts sont le lieu de prédilection pour une espèce dite "pionnière" (première à conquérir un milieu), qui affectionne ces friches agricoles: le pin d'Alep.

Sa croissance vigoureuse lui permet de coloniser rapidement un milieu, aux dépends des arbustes et autres arbres. Dans la même veine, le pin d'Alep fait partie de ces espèces qui sont favorisées par le feu et qui repousseront très vite après son passage. A moyen-terme, une pinède adulte sera sur pieds, comme on peut en voir fréquemment en garrigue sous forme d'îlots plus ou moins développés.

Autre particularité du pin d'Alep: ses graines germent difficilement sous son propre couvert (en réalité une stratégie de reproduction peu banale), laissant du coup la place à d'autres essences déjà citées plus haut. C'est le cas notamment pour le chêne blanc, le chêne vert, le micocoulier ou encore l'alisier torminal, qui profitent en plus du micro-climat que leur offre le couvert végétal diffus de la pinède.

Dans ce dernier cas, la garrigue à proprement parlé sera exclue de la dynamique, ou très réduite, en broussailles sous les pins.




COMPARAISON DES DEUX PERTURBATIONS SUR LA DYNAMIQUE:
L'évolution la plus "directe" vers le stade terminal "chênaie blanche" (n°3) et celle qui fait suite aux activités agricoles en raison du passage par le stade "pinède" facilitant le développement des deux espèces de chênes.
C'est plus lent après du pâturage, la garrigue, par son aridité, favorisant moins la croissance des chênes blancs, qui ne pourront se développer qu'après la présence d'un couvert suffisamment important de chênes verts.


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