PastoCarto : pour une cartographie collaborative et citoyenne des espaces disponibles
pour le pâturage en Garrigues

Synthèse du projet

Dans un contexte de transition écologique nécessaire, les pratiques pastorales en Garrigues s’illustrent par leurs intérêts nombreux et variés : production agricole de qualité, entretien des milieux ouverts limitant le risque incendie, préservation des patrimoines immatériel (naturel, paysager, savoir-faire ancestraux) et matériel (lavognes, bâti de pierres sèches). Pourtant, les éleveurs pastoraux font face à des difficultés nombreuses, dont la première est l’accès sécurisé à de grandes surfaces foncières. L’association entre numérique et méthodes collaboratives du projet PastoCarto permet d’associer l’ensemble des parties prenantes des Garrigues pour l’identification de zones favorables au redéploiement pastoral en leur sein, et la construction d’un réel réseau social.

Objectifs du projet : à quels problèmes et difficultés PastoCarto souhaite répondre ?

La biodiversité remarquable des Garrigues est associée aux milieux ouverts entretenus, construits par des millénaires d’agrosylvopastoralisme. L’abandon
agricole et l’effondrement du pastoralisme du 20e siècle ont entraîné un embroussaillement des milieux, réduisant biodiversité et ressources alimentaires pour les troupeaux, augmentant le risque incendie. Entre Montpellier, Nîmes et Alès, les Garrigues font face à l’étalement urbain et périurbain, aux pressions foncières induites (spéculation, artificialisation terres agricoles...). Associé à cela, la connaissance agricole se perd, et les usages “de loisirs” des Garrigues se développent : cette combinaison amène incompréhension et conflits d’usages, et menace les pratiques pastorales désormais atomisées sur le territoire, en générant des difficultés d’accès aux grands espaces fonciers nécessaires. Les éleveurs pastoraux, bien qu’héritiers de pratiques “traditionnelles”, doivent
réinventer leurs pratiques, et pour cela, saisir les opportunités de la révolution numérique en cours. Néanmoins, l’usage des outils numériques n’est pas évident pour tous, et il s'agit de ne pas tomber dans un isolement numérique qui pourrait s'ajouter pour certains à un isolement social.

PastoCarto se propose comme élément de réponse à ces constats. C'est dans le cadre de PastoGarrigues, visant à soutenir le redéploiement pastoral en Garrigues pour ses multiples intérêts économiques, sociaux et environnementaux, notamment par la mobilisation et la mise en réseau des acteurs liés à ces pratiques, que le Collectif des Garrigues a fait le constat des difficultés des éleveurs de Garrigues, ainsi que celui de volontés citoyennes de soutien aux pratiques agricoles durables grandissantes sur leur territoire. S’il est de nombreux sites où l’installation de troupeaux a échoué pour diverses raisons (relations tendues avec des chasseurs ou les municipalités,potentiel de ressources pastorales trop faible…), certains lieux à l’environnement favorable souhaitent à l’inverse faire appel à eux sans savoir comment faire. Comment connecter cette offre et cette demande ? Comment éviter des échecs prévisibles ? Comment expertiser au mieux les sites les plus favorables ?

Le Collectif des Garrigues propose de mêler compétences et volontés multiples, notamment aux côtés de l'association Terre de Liens, afin de collaborer pour répondre à ces problématiques grâce à la coconstruction et l’usage collectif d’un outil numérique d’analyse multi-critères : c’est l’objectif du projet PastoCarto.
En définissant outil(s) et démarche(s) au plus près des besoins des éleveurs des Garrigues, et en mobilisation pour cela les compétences et volontés des acteurs nombreux du réseau du Collectif des Garrigues, PastoCarto souhaite permettre non seulement un repérage de lieux favorables au redéploiement pastoral, par un accès progressif et convivial* au numérique de toutes les personnes motivées, même celles qui en sont le plus éloigné.

*Le caractère “convivial” (d’après Ivan Illich, 1973) répond à trois exigences :

• générateur d'efficience sans dégrader l'autonomie personnelle ;
• ne doit susciter ni esclave ni maître ;
• doit élargir le rayon d'action personnelle.

Qui peut participer ?

L'intérêt de PastoCarto réside dans la démarche collaborative illustrée par l’outil numérique, démarche permettant une appropriation locale durable des problématiques pastorales, en favorisant la création d'un réseau d'acteurs autonomes et reliés par une thématique fédératrice. Des actions régulières visant à construire outil(s) et démarche(s) et à former toute personne motivée à y contribuer se veulent un moyen de faire durer cette démarche collaborative.

Eleveurs-bergers, membres d'organisations professionnelles agricoles, techniciens agricoles et naturalistes, acteurs des questions environnementales et patrimoniales (naturalistes, associations...), citoyens d'un territoire pastoral... Toute personne intéressée est largement conviée à participer !

Seules conditions à respecter : garantir que la gouvernance de PastoCarto soit partagée, avec un projet ouvert à tous, développant le pouvoir d’agir de ses membres et partageant publiquement ses productions.
Le groupe de participants définira ses règles et outils de fonctionnement collectivement au démarrage du projet, afin de permettre de respecter les précédents principes, et d'obtenir une démarche dont l'usage et les bénéfices sont pérennes.

Où ça se passe ?

La zone d'initiation du projet se fera dans une zone pressentie comme favorable aux pratiques pastorales au sens où des acteurs locaux sont volontaires pour s’investir dans le projet. Ce secteur couvrira plusieurs communes puisque le pastoralisme ne se cantonne pas à une échelle administrative communale, et l'échelle se définira avec l'engagement du projet, de manière cohérente au regard des pratiques pastorales et des participants.

La recherche des méthodes et des critères est ouverte : la démarche collaborative de PastoCarto permet d’identifier les principaux critères utiles à l’identification d’un secteur favorable aux pratiques pastorales.
Pour cela, il s’agit de définir les objets recherchés par les éleveurs afin de construire collectivement un outil qui permette une recherche collective citoyenne. La définition des objectifs d’autres gestionnaires et/ou propriétaires de foncier (propriétaires publics tels que les collectivités, grands
propriétaires privés…) est également importante. Il faut également interroger ces acteurs sur leur niveau d’accès et de confort vis-à-vis du numérique, leurs besoins et leurs freins à ce sujet, afin que la démarche y soit adaptée.
Cette étape sera réalisée grâce à des entretiens individuels et/ou collectifs. Un travail d’analyse de ceux-ci permettra d’identifier les critères principaux à intégrer à l’analyse territoriale. Ces critères pourront être par exemple :

• usages du territoire
• enjeux locaux (naturalistes, patrimoniaux)
• enjeux pastoraux (potentiels fourragers, présence de bâti, possibilité de clôtures…)

En parallèle, il ne faut pas omettre de mener une réflexion autour de la faisabilité éthique et réglementaire d’un outil cartographique rendant public certaines données privées. Cette réflexion guide la coconstruction de la démarche. Dans un soucis de ressources libres et accessibles à tous, les outils cartographiques libres OpenStreetMap et Umap sont privilégiés.

L'étape suivante amène à récupérer l’ensemble des informations disponibles pour chaque critère, afin de caractériser les opportunités pastorales.
Un traitement de ces informations doit permettre la réalisation de rendus cartographiques et de propositions de suites possibles à mettre en œuvre localement. Par exemple, une mise en œuvre envisageable serait de l’animation foncière (identification des gestionnaires et/ou propriétaires fonciers, prise de contacts et sensibilisation afin d’identifier les volontaires, mise en relation…).

Quelle genre d'actions sont menées ?

Rencontres thématiques, cartoparties, entrevues collectives et individuelles, formations-actions, sorties terrains de collectage de données géolocalisées, renseignement d'un espace en ligne dédié...

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