Les constructions en pierres sèches dans nos garrigues, à travers l’Histoire
Les constructions préhistoriques
La construction à pierre sèche (certains parlent de « l’art de la pierre sèche ») s’est réellement développée dans nos garrigues il y a 5500 ans, même si, déjà au Paléolithique, nos ancêtres ont pu aménager des abris sous roche en construisant des murets.
Vers 3500 ans avant notre ère, les hommes vont développer l’agriculture et l’élevage en défrichant le milieu forestier, pour préfigurer la garrigue actuelle. De petits groupes de chasseurs-cueilleurs nomades vont s’implanter durablement, créer les premiers villages, dresser menhirs, dolmens et réaliser des tombes recouvertes de tumulus. Ces petits villages, de la culture de Fontbouisse, sont constitués d’une enceinte en pierres sèches enserrant de grandes maisons d’habitation aux murs de la même facture, couvertes d’un toit végétal à deux pentes ; ils constituent les plus anciens témoins accomplis de « l’art de la pierre sèche ».
Aux âges du Bronze (1400 ans avant notre ère) et du Fer (750 ans avant notre ère), de nombreux oppida seront établis sur les hauteurs avec le même type d’habitat, protégés par d’imposants remparts et tours en pierres sèches. A partir du VIIème siècle avant J.-C., des échanges vont avoir lieu avec des commerçants à la recherche de métaux et de matières premières ; venus d’Etrurie et de Grèce ce sont eux qui vont introduire la culture de la vigne et d’autres technologies avancées.
Des Romains à l’ère moderne
A l’époque gallo-romaine, puis au Moyen-Âge, l’habitat se déplacera dans les vallons et les plaines, près des sources et des terres arables, sous forme de villae, de mas, de villages et de villes. La garrigue restera fortement exploitée pour fournir pierres de carrière, chaux, bois et charbon de bois, ainsi que pour cueillir plantes aromatiques, fruits, galle du chêne kermes et, bien sûr, servir de pâture aux animaux domestiques.
A partir du début du XVIème siècle, après deux siècles de guerres et de grandes épidémies, la population va commencer à croître et l’industrie textile à se développer, notamment autour de la production et la transformation de la soie. Le défrichement des terres de garrigue va s’intensifier pour contribuer à nourrir toute cette population.
D’après Maurice Alliger, à Langlade en Vaunage, en 1500, 3ha seulement de terre étaient cultivées en zone de garrigue ; cette superficie est passée à 44ha en 1576, pour atteindre 85 ha en 1597. Les cultures étaient principalement des céréales permettant de fabriquer le pain quotidien. Toujours en Vaunage, à Nages et Solorgues en 1548, il était possible de compter 45 ha plantés de céréales pour 194ha de « patus commun », terres pastorales.
La pierre sèche contemporaine
Les nombreux vestiges de bâtis en pierres sèches visibles aujourd’hui, parsemant la garrigue, sont dus aux défrichements réalisés aux XVIIIème et XIXème siècle où l’on assiste encore à une forte augmentation de la population dans les agglomérations. Certains habitants pauvres des villes et des villages vont s’approprier les terres communales les plus ingrates, rocheuses, délaissées, pour les mettre en culture et espérer en tirer quelques profits, surtout du vin. Ces terres ne vont pas les nourrir totalement, mais pour ces ouvriers agricoles (brassiers, rachalans), du textile (taffataïres, cardeurs, faiseurs de bas de soie) ou petits artisans, elles fourniront un complément alimentaire (vin, huile d’olives, fruits, gibiers…) ainsi que du bois de chauffage et du bois d’oeuvre, ce qui n’est pas négligeable. Ces hommes étaient souvent originaires des montagnes du sud du Massif Central, qu’ils ont quittées pour satisfaire les besoins importants en main d’oeuvre de l’activité textile qui s’était développée depuis le XVIème siècle (cuir, laine, drap, soie...).
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