Quelques principes de base de la construction à pierre sèche
Si la construction d’une capitelle nécessite impérativement la présence d’un spécialiste, la construction d’un muret à pierre sèche est en revanche à la portée de tout un chacun. Avec un peu de courage, un soupçon de patience, deux doses de bon sens et de logique, quelques gouttes de sueur et une paire de gants vous pourrez réaliser un ouvrage simple après avoir pris connaissance des principes de base détaillés ci-après.
Pour les novices il existe des stages de formation à la construction à pierre sèche. Par ailleurs quelques ouvrages (voir bibliographie) donnent les principes de bases et les règles à respecter pour mener à bien une telle construction.
Les murs
Un mur est constitué de trois parties : la fondation, le corps du mur, et le couronnement.
La fondation (ou assise), va supporter le mur. On commence par réaliser une semelle de propreté sur un sol stable soigneusement tassé et nivelé ; 10 à 15 cm de profondeur suffisent généralement. Le fond sera tapissé de pierres massives posées de façon à maximiser la surface de contact entre les pierres. Chaque pierre sera calée pour être parfaitement stable. Les vides seront bâtis avec des pierres plus petites afin de former une assise continue présentant un léger dévers vers l’intérieur du mur. Si l’ouvrage est posé sur une roche affleurante il faudra s’assurer que la surface du rocher ne penche pas vers l’extérieur avant de démarrer la construction !
Monter le corps du mur consiste à dresser deux parements verticaux en assises régulières. On veillera à donner du fruit au mur, c’est-à-dire une légère inclinaison du parement, généralement de 10%, pour améliorer la stabilité de l’ouvrage. L’espace entre les parements sera bâti avec des pierres soigneusement calées et rangées les unes contre les autres pour occuper le maximum de volume. Ce remplissage ne doit jamais dépasser la hauteur des parements pour permettre la pose de l’assise suivante dans de bonnes conditions. Toutes les pierres devront être parfaitement stable et, si besoin, calées à l’aide de petites pierres plates.
Le couronnement (ou arase, ou encore chaînage) a pour but de lier les deux parements en haut du mur à l’aide de grosses pierres régulières qui vont agir par leur poids. On peut aussi utiliser des pierres plates posées à la verticale qui vont s’auto-bloquer.
Quelques règles de pose
Croiser les joints : pour éviter les « coups de sabre » chaque pierre devra toujours être posée à cheval sur la jointure de deux pierres inférieures, en façade comme dans la profondeur du mur.
Donner un pendage interne : les pierres seront posées en pente légère vers l’intérieur, ou éventuellement à plat. La pierre ne doit jamais pencher vers l’extérieur car ça fragilise l’ouvrage.
Mettre des boutisses : coucher au moins une pierre longue (dite « boutisse ») par mètre carré de parement. Elles rentrent en profondeur dans l’épaisseur du mur et agissent comme des clous qui lient le parement au corps du mur et assurent la solidité de l’ouvrage.
Poser sur lit : les pierres sédimentaires (calcaire, grès…) devront être posées dans le sens du lit, c’est à dire que les strates de la pierre doivent être à l’horizontale.
Règles spécifiques aux murs de clôture
Un mur de clôture est constitué de deux parements verticaux ou légèrement inclinés l’un vers l’autre si on leur a donné du fruit. Un mur de clôture fait 60 cm de large. Néanmoins si sa hauteur est supérieure à 1,50 mètre, la base du mur devra être égale à la moitié de sa hauteur.
Règles spécifiques aux murs de soutènement
Un mur de soutènement permet de retenir un terrain, par exemple une terrasse. Il doit être capable de contenir le poids de la terre tout en laissant passer l’eau contenue en excès dans le sol. La pression étant maximale au pied du mur on établira toujours une base plus large que le couronnement. Une règle empirique prévoit une largeur égale à deux tiers de la hauteur finale de l’ouvrage, et au minimum 60 cm d’épaisseur à la base du mur, mais un professionnel pourra faire un dimensionnement plus fin en fonction des caractéristiques du terrain. Le couronnement, lui, devra faire 50 cm au minimum. Comme un mur de clôture il devra comporter deux parements. L’arrière du mur sera remblayé avec de la terre, mais on peut aussi utiliser des cailloutis pour améliorer le pouvoir drainant de l’ouvrage.
Réparation d’une brèche dans un mur de soutènement
Après avoir éliminé tous les végétaux qui ont pu pousser sur la brèche et autour de celle-ci on peut déblayer le cône de pierres et de terre. Les pierres seront triées en fonction de leur taille et de leur réutilisation possible dans la reconstruction : pierres de fondation, couronnement, boutisses, parement, pierres plates, cailloutis… Pour cela, on les disposera en plusieurs tas en veillant à laisser un espace suffisant entre ceux-ci et le pied du mur pour faciliter la circulation des bâtisseurs.
Pour travailler en sécurité on retirera des flancs de la brèche (d’abord en hauteur) les pierres instables risquant de tomber. On creusera en arrière de la brèche pour dégager un espace suffisant qui recevra le corps du mur et le drain. Les terres récupérées seront utilisées en fin de chantier pour remblayer l’arrière du mur au-dessus du drain et reconstituer la terrasse. Si la partie basse du mur n’est pas écroulée, il faudra s’assurer qu’elle reste solide pour supporter le poids de la future construction, sinon il faut démonter jusqu’à la fondation dont la stabilité sera vérifiée.
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