Quelques sites géologiques pédagogiques sur le territoire
Auteur : Bernard Halleux et Luc David (Hérault) et Didier Nectoux (Gard)
Date : novembre 2013
Quelques sites pédagogiques ont été choisis pour représenter à la fois la richesse géologique du territoire et pour illustrer les événements et phénomènes qui les ont façonnés.
Hérault
1. La dalle à ammonites - Viols-le-Fort
C’est un site très fossilifère riche en empreintes d’ammonites, en rostres de bélemnite, et en fragments de colonnes vertébrales d’ichtyosaures, dans un niveau de calcaire à grains fin du Jurassique moyen.
Ainsi on imagine ici, il y a environ 150 millions d’années, un milieu de dépôt marin pélagique* d’une profondeur de 300 m environ, distant de 30 à 50 km de la côte. Au début de l’ère tertiaire, la tectonique de compression pyrénéenne va provoquer l’inclinaison des strates.
2. Les huîtres fossiles - Saint-Pargoire
Le sous-bois est très riche en grosses huîtres sur plus d’un mètre d’épaisseur. Ici, il y a environ 18 millions d’années, se trouvait le bord d’une mer de faible profondeur : l’ancêtre de la Méditerranée qui s’était avancée très au-delà de la ligne de côte actuelle. Vu que les coquilles sont intactes, les deux valves toujours en connexion et qu’un sédiment grossier les réunit, l’hypothèse d’un “ensablement” rapide dans un milieu calme est la plus plausible.
3. Les failles normales de la Gardiole - Gigean
Cet affleurement montre des strates de calcaire datées du Jurassique supérieur (entre –160 et –145 millions d'années). À plusieurs endroits, des couches sont courbées (traits bleus), à d’autres, elles semblent cassées (traits rouges). Les traits bleus soulignent des crochons* de faille, qui correspondent à la déformation des strates qui glissent le long de failles (traits rouges) (le sens du mouvement est indiqué par les flèches jaunes). On voit ici 3 failles dites
normales (effondrement), conséquence de l’étirement du sous-sol, daté de l’Oligocène (vers – 30 millions d'années), époque où le Bas Languedoc subit une extension à l’origine de la naissance de la mer Méditerranée occidentale.
4. Un piton volcanique - Montferrier
Le soubassement de l’église est constitué d’orgues basaltiques noires contenant des nodules verdâtres de péridotites, roches du manteau terrestre, attestant l’origine profonde de la lave. Autour, une brèche * volcanique rouge montre un mélange de cendres et de blocs d’origine profonde (basalte) et superficielle (grès). Le tout constitue le remplissage d’une cheminée volcanique lors d’une éruption explosive datée de – 23 millions d’années environ, en relation avec l'épisode d'extension de la croûte terrestre lors de l'ouverture de la Méditerranée occidentale.
5. Des conglomérats pyrénéens - Clapiers
Des bancs de conglomérats alternent avec des argiles rouges. Les blocs sont de taille variée. L’ensemble des strates est renversé. Ici, les reliefs du chevauchement de Montpellier, créés par la compression pyrénéenne, s’érodent et donnent des conglomérats au pied des pentes. Les strates de conglomérats renversées attestent l'effet des mouvements pyrénéens postérieurs à leur dépôt.
6. La source du Lez - Saint-Clément-de-Rivière
La vasque de la source est au pied des reliefs calcaires. C’est une source karstique : l’eau de pluie s’infiltre dans les fissures du massif
calcaire des garrigues nord montpelliéraines (jusqu’au-delà du Pic Saint-Loup), pour constituer une nappe souterraine très importante. Des terrains imperméables affaissés le long d’une faille barrent la nappe qui déborde après de fortes pluies.
7. Le Pic Saint-Loup – Valflaunès
Le Pic Saint-Loup, est idéal pour comprendre la tectonique pyrénéenne. Au pied de l'escarpement, l'œil averti peut suivre le tracé des plis pyrénéens dans les séries marno-calcaires du Crétacé inférieur et repérer la discordance Crétacé-Lutétien. Le sommet offre un panorama remarquable vers le nord. Tout au fond, dominent les Cévennes (Aigoual, Liron, Lingas). Devant se dressent l'échine calcaire des Cagnasses et le dos rond du massif de la Séranne, séparés des hautes garrigues par la faille des Cévennes. Au premier plan, dans le bassin de Londres, les dépôts de calcaires lacustres clairs, du Lutétien, sont surmontés de petites barres conglomératiques du Bartonien, issues de l'érosion des reliefs du Pic en formation.
8. Le pli du mas du Pont – Valflaunès
Les strates des calcaires crétacés sont plissées en forme de genou. L’axe est-ouest du pli indique qu’une compression nord-sud en est responsable. Cette compression est à rattacher à la formation des Pyrénées, il y a environ 50 millions d’années. Ce petit pli est à l'image de celui, à plus grande échelle, dont est
issu le Pic Saint-Loup.
GARD
9. La mer de rochers – Sauve
La fracturation et l’épaisseur des bancs calcaires du Jurassique supérieur ont permis au modelé karstique de se développer. On trouve ainsi toutes les figures classiques de surface (dolines, lapiaz...) et de profondeur (aven, grottes, résurgences...) avec en plus les reliefs ruiniformes tels qu’on peut les voir habituellement sur les grands causses. C’est ce qui fait le charme et l’étrangeté de ce site naturel qui permet au promeneur de se perdre en circulant dans les diaclases *, "rues" de ce labyrinthe géant.
10. Le Bois des Lens et les carrières de pierres de taille – Moulezan
Le massif des Lens est un ensemble de calcaire urgonien (Crétacé inférieur) bien préservé. Les bancs qui présentent une texture oolithique* ont été exploités durant la période romaine et le sont encore aujourd’hui. Une quinzaine de carrières antiques sont encore visibles et certaines ont fait l’objet de fouilles archéologiques. Très appréciée durant le Haut Empire, la pierre de Lens était réservée à la sculpture et à la décoration des monuments. Elle a ainsi été exportée bien au-delà de Nîmes. Aujourd’hui, elle est toujours exploitée pour la production de pierres décoratives.
11. Le site paléontologique de Champ Garimond – Saint-Bauzély
Quand Saturnin Garimond récolta là les premiers fossiles de dinosaures, il ne pensait pas qu’il venait de découvrir l’un des plus hauts sites paléontologiques du Languedoc qui est aujourd’hui de renommée mondiale. Car parmi les restes de dinosaures du Crétacé supérieur, déjà assez exceptionnels pour le secteur, on allait aussi trouver la dent d’un petit mammifère. Celui-ci est sans doute l'un des premiers représentants de la grande lignée des Thériens (Placentaires vivipares) qui allait s’épanouir à l’ère Tertiaire et, entre autres, déboucher sur l’espèce humaine.12. Le panorama sur La Vaunage – Saint-Dionisy
Ce site permet d’avoir une vue d’ensemble sur la dépression de la Vaunage et des collines qui l’entourent. En s’aidant de l’observation de l’orientation des couches des marnes et calcaires toutes proches, on en déduit que cette zone est un vaste anticlinal * dont la partie centrale a été surcreusée par l’érosion. Le cœur de l’anticlinal est en effet constitué par les marnes du Valanginien. Cet anticlinal orienté est-ouest résulte de la compression pyrénéenne. Les calcaires de l’Hauterivien s’inscrivent en relief dans le paysage. Dans un premier temps les hommes se sont installés sur les sommets (oppidum * de Nages) puis à mi-pente (Saint-Dionisy, Caveirac, Calvisson) et beaucoup plus tardivement dans la plaine, après avoir asséché les zones marécageuses.
13. La Fontaine d’Eure – Uzès
Outre le charme qui émane de ce site coincé au pied de la ville d’Uzès, son intérêt est à la fois géologique et historique. C’est à partir de cette résurgence karstique toujours exploitée (débit entre 50 litres et 1m 3 / seconde) que les Romains ont bâti l’aqueduc de Nîmes dont le Pont du Gard fait partie. On peut encore y voir toutes les structures hydrauliques édifiées il y 2 000 ans. La résurgence de la Fontaine d’Eure illustre bien aussi le fait que le massif calcaire urgonien est un immense réservoir karstique où s’accumule l’eau d’infiltration.
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